Quand les rails s’enfoncent en Ville

- Pour éviter des déraillements, les TPG entretiennent certaines zones délicates du réseau.
- La faute au poids des Bombardiers? Pour les TPG, si les rails s’enfoncent, c’est dû à l’usure.
- Le budget d’entretien de toutes les infrastructures s’élève par année à 6,5 millions de francs.

  • Le réseau des rails du tram souffre d’usure. STOCK/XENOLA

    Le réseau des rails du tram souffre d’usure. STOCK/XENOLA

Un tram qui déraille au boulevard Georges-Favon, à Plainpalais, à la place Neuve, au pont de la Coulouvrenière, au boulevard James-Fazy. Des faits divers qui se sont particulièrement accentués depuis 2010. Le réseau ferroviaire des Transports publics genevois (TPG) serait-il maudit ou victime de son succès? Quelles sont les raisons qui font qu’il y a de plus en plus de déraillements de trams sur un réseau pourtant récent?

Trams trop lourds

«Les trams, comme les Bombardiers, sont tellement lourds qu’ils enfoncent les rails!» Un employé des TPG est catégorique: selon lui, lorsque le tram est bondé, il ne supporterait pas certains virages et sortirait des rails. Et ce serait une des raisons de certains déraillements en Ville de Genève l’an dernier: «Au boulevard Georges-Favon notamment ou à la rue du Stand, nous devons régulièrement entretenir les rails qui s’affaissent, poursuit un autre ouvrier. Au pont de Carouge également. Nous devons souvent refixer les rails qui se déplacent.»

Usure, rails mal fixés

Du côté des TPG, on reconnaît qu’il y a un problème à certains endroits du réseau. Mais on se veut cependant rassurant. Selon eux, cela n’est pas vraiment lié au poids des trams: «Il s’agit plutôt d’usure liéee à l’augmenation des fréquences de passage, relève Thierry Wagenknecht, directeur technique au service de la voie. Nous devons aussi refixer des rails à certains endroits. Mais je ne pense pas que les enfoncements de rails soient liés au poids des Bombardiers. Nous avons d’autres trams de dernière génération, comme des Stalder, qui eux aussi sont lourds. La charge à l’essieu reste standard et dans les limites de la prescription. Il est vrai que nous constatons des affaissements prononcés à certains endroits.» Dans la foulée, il rappelle que le mixage des tramways sur le réseau rend difficile l’analyse des usures des voies : «Il faut trouver une bonne optimisation entre l’usure de la voie et celle de la route des tramways.»

Sécurité

Conscients de cette problématique, les TPG ne lésinent pas sur la sécurité: «Nous entretenons très sérieusement le réseau. Ce sont des travaux que nous effectuons principalement de nuit.»

A quels endroits?

Quels sont les quartiers les plus touchés? «La rue de Carouge, la rue Ancienne, la Coulouvrenière, la rue du Stand», détaille Thierry Wagenknecht. Qui rappelle que l’automne dernier, des travaux d’entretien lourds ont dû être effectués à ces endroits. «Nous sommes aussi liés aux travaux de la Direction générale des transports pour coordonner la réalisation de ces travaux.»

Budget à 6,5 millions de francs

Le directeur d’exploitation tient à rappeler que certains déraillements sont aussi dus à des accidents de la circulation ou à des objets – comme des cannettes – qui bouchent les rails (lire ci-dessous). «Notre budget d’entretien de toutes les infrastructures voies, lignes aériennes et réseau 6ooV s’élève par année à 6,5 millions de francs. Il vise notamment à réparer l’usure et à refixer les rails à certains endroits délicats, comme c’est notamment le cas aux environs du pont de Carouge.»

Pas les seuls

Thierry Wagenknecht reconnaît toutefois que le problème d’usure de la voie a évolué au cours des vingt dernières années. «Les trams sont plus puissants, nous avons aussi une plus grande fréquentation, il y a donc immanquablement plus d’entretien pour garantir la sécurité.» Et de conclure: «Nous avons appris que Bâle et Zurich sont confrontés à la même problématique. Eux aussi doivent entretenir plus régulièrement leurs rails qu’à l’accoutumée.»