Remaniement: ça coûte une blinde!

  • La nouvelle répartition des départements, la quatrième depuis juin 2018, a forcément un coût élevé. 
  • Déménagements, signalétique, changements informatiques, nouvelles cartes de visite, etc… se chiffrent en centaines de milliers de francs.
  • Et ce n’est peut-être pas fini. Notre dossier.

  • Il a fallu notamment changer la signalétique de certains bâtiments. photo prétexte STéPHANE CHOLLET

    Il a fallu notamment changer la signalétique de certains bâtiments. photo prétexte STéPHANE CHOLLET

«On venait de recevoir les nouvelles cartes de visite» 

ironise un haut fonctionnaire

Un haut fonctionnaire préférant conserver l’anonymat ironise: «On venait de recevoir les nouvelles cartes de visite commandées en juin. On va pouvoir en recommander d’autres!» Tout va en effet très vite dans l’administration cantonale depuis ces derniers mois et plus particulièrement depuis l’affaire Maudet. Le 16 janvier dernier, suite à la nouvelle répartition des dicastères, certains départements ont dû changer de patron et intégrer – ou pas – des nouveaux collaborateurs. 
 
Le conseiller d’Etat Antonio Hodgers en charge du Département du territoire est ainsi devenu président du Conseil d’Etat. Mauro Poggia a hérité d’un énorme dicastère, le Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES), tandis que Pierre Maudet ne conservait que le Développement économique. Conséquence de tout ce micmac: il a fallu ou il va falloir changer la signalétique de certains bâtiments, les plaques au bas ou dans les étages des immeubles, les cartes de visite des fonctionnaires, les enveloppes, les tampons, etc. 
 
Un million en 2018
Le coût de ces changements? «Aucune estimation officielle du coût global des différentes réorganisations n’a été effectuée à ce stade. Aucun chiffre n’est donc disponible pour le moment», indique Florence Noël, cheffe de la communication et de l’information du Département présidentiel.
 
Reste que, selon la Tribune de Genève du 14 juin 2018, les changements, après l’élection au Conseil d’Etat, avaient coûté environ un million de francs, dont la moitié pour la signalétique des bâtiments de l’Etat. Un chiffre auquel il fallait ajouter celui, élevé, des déménagements des différents offices. 
 
Pour la réorganisation de janvier dernier, la douloureuse devrait être un peu moins lourde puisque pour certains fonctionnaires, il a suffi de traverser la place de la Taconnerie – département de Pierre Maudet – pour installer leurs affaires dans leur nouveau bureau rue de l’Hôtel-de-Ville, «chez» Mauro Poggia.
 
Bug informatique
Côté modifications des documents numériques – une étape «monstrueuse» en termes de changements informatiques selon un ancien haut fonctionnaire –, elle aurait dû normalement n’impliquer aucune dépense si ce n’est le temps passé par le personnel administratif à adapter les modèles informatiques. Seulement voilà. Il y a eu un bug comme on dit. Et il faudra davantage de temps que prévu pour remettre de l’ordre dans tout ça. «C’était le chaos total, nous confie une source. C’est toujours assez compliqué mais là c’était le pompon!» Concrètement, un collaborateur censé travailler pour Mauro Poggia s’est retrouvé avec son intranet lié à Thierry Apothéloz, magistrat en charge du Département de la cohésion sociale. Et des exemples de ratés comme celui-là, il y en aurait bien d’autres. Heureusement, certains départements, comme le DSES, avaient pris les devants. Directeur de la communication, Laurent Paoliello explique que «les nouveaux collaborateurs avaient tous reçu les liens informatiques nécessaires». 
«On ne nous a pas confié les bonnes listes de l’Etat», nuance pour sa part un employé chargé de l’informatique.
 
Résultat des courses: plusieurs mois et des centaines de milliers de francs gaspillés. Au minimum. C’est l’estimation probable de la douloureuse qui attend le contribuable genevois pour la quatrième réorganisation des départements depuis le 1er juin 2018. Et rien ne garantit que d’autres remaniements ne viendront pas l’alourdir d’ici à la fin de la législature, en 2023.

Jean Romain, président du Grand Conseil (PLR)

«Lorsqu’il a été question de changer le nom du DIP, on n’en a pas fait une telle histoire… Il est évident que cela coûte de l’argent avec un Conseil d’Etat dont les dicastères sont désormais renommés et totalement déséquilibrés. Mais on ne peut pas à la fois vouloir ces changements et en même temps ne pas vouloir les payer!»

Thomas Bläsi, chef de groupe (UDC)

«Une rocade complète des départements aurait été préférable et aurait évité une telle réorganisation et les coûts indus. Pierre Maudet aurait pu reprendre les Transports ou la Santé, bref, un vrai département et non juste l’Economie. Cette situation, inédite, est la conséquence de l’affaire Maudet et du fait qu’il ne veut pas démissionner.»

Romain de Sainte Marie (PS)

«On devrait faire comme à Berne où si de nouveaux conseillers d’Etat sont élus, les départements, eux, restent les mêmes. Là réside la solution afin d’éviter la valse que l’on connaît à Genève, tous les quatre-cinq ans. Cela diminuerait les coûts et permettrait aussi aux Genevois de mieux s’y retrouver en sachant qui fait quoi.»

Daniel Sormanni (MCG)

«Ce qui se passe est malheureusement un remaniement nécessaire puisque Pierre Maudet s’accroche. Il aurait été certes plus simple de faire autrement. Mais comment? Le problème est que l’on ne se trouve pas en fin de législature mais en début. Ce sont des coûts évidemment regrettables mais inévitables.»