Réseaux sociaux: grand supermarché de l’amour

  • Internet est devenu l’incontournable agora des rencontres amoureuses modernes.
  • Outils des temps numériques pour dénicher l’âme sœur, les sites multiplient aussi les déconvenues.
  • A l’approche de la Saint-Valentin, témoignages de Romandes lucides dont certaines ont trouvé l’amour.

  • Trouver le grand amour sur Internet, c’est possible. Mais que de déceptions sur le chemin!

    Trouver le grand amour sur Internet, c’est possible. Mais que de déceptions sur le chemin!

«Au téléphone, je les crible de questions apparemment anodines. J’arrive ainsi à me faire une petite idée»

Françoise

Tinder, mais aussi Meetic, Once, Fidelio, Parship... Il y a les réseaux sociaux spécialement dédiés à la drague et aux rencontres amoureuses. Mais d’autres encore à l’audience et aux objectifs bien plus larges, comme Facebook, Twitter et Snapchat, sont également devenus un outil idéal pour trouver l’âme sœur ou à minima un «plan cul» sans lendemain.

Car bien sûr, en 2019, dans nos sociétés complexes et post-industrialisées, les occasions de rencontres physiques se font de plus en plus rares, – les bals de campagne d’antan ayant disparu – une fois entrés dans le monde du travail et passés les émois de la jeunesse. «Je travaille dans une entreprise de trois personnes toutes sexagénaires, témoigne Julie, une Genevoise qui vit en France voisine. Pas vraiment ma tasse de thé, et comme j’ai 49 ans, que je sors beaucoup moins, l’idéal pour rencontrer des hommes, ça reste Internet, qui a l’avantage de bien cibler les recherches.»

Quelques clics, mais...

Pour Françoise, une Lausannoise, le problème est tout autre. «Je rencontre sans problème des hommes dans la vie réelle. La difficulté, c’est que depuis [le mouvement] #MeToo, ils n’osent plus aborder les femmes, même après que j’aie passé une soirée à les fixer assidûment. Alors les réseaux sociaux, ça a été pour moi un moyen de contourner leur frilosité!»

En quelques clics donc, il est possible de s’inscrire sur un réseau social, de se créer un profil (souvent faux), et d’écumer les méandres du web à la recherche d’un ou d’une partenaire, dont on aura au préalable précisé les caractéristiques souhaitées, aussi bien physiques que mentales. Seulement voilà, la suite est bien plus compliquée. Pour Sara par exemple, il faut en moyenne 25 interactions pour déboucher sur une rencontre «physique», elle-même bien rarement suivie de lendemain.

Infos invraisemblables

«L’amour sur les réseaux sociaux, raconte-t-elle, ce n’est rien d’autre qu’un immense supermarché: on y trouve tout et n’importe quoi. Et souvent du «fake», comme les news. Il y a d’abord les photos de profil un rien truquées lorsqu’elles datent de... dix ans, mais aussi moult infos professionnelles et personnelles parfois complètement invraisemblables. «Le but c’est de donner une bonne image de soi pour hameçonner l’autre. Quitte après à devoir corriger le tir, avec évidemment plus ou moins de bonheur.»

Lorine, qui s’est mise sur les réseaux sociaux à la recherche de «plans cul» après une lourde déception amoureuse, renchérit: «Ils se disent tous à la recherche d’une relation sérieuse. Au bout du compte, ils ont femme et enfants et ne cherchent que des aventures. Il faut donc savoir garder du recul, d’autant qu’au fil des échanges sur Internet on tend à idéaliser et à investir dans une relation qui est non seulement virtuelle, mais imaginaire. En plus, ça peut devenir terriblement chronophage!»

De fait, il faut non seulement prendre du recul, mais établir de sérieux garde-fous pour s’éviter de grandes déconvenues, notamment de ne pas indiquer son adresse postale.

Avant toute rencontre, il faut prendre le temps de... «jauger la bête». Avec des précautions élémentaires: par exemple prendre le temps de discuter au téléphone avec l’élu ou l’élue pressenti(e). «La voix trompe moins que le chat, résume Françoise, cela permet de faire un premier tri, de ressentir les émotions de l’autre. Moi, je les crible de questions apparemment anodines, mais grâce auxquelles j’arrive à me faire une petite idée.» Et une fois le premier rendez-vous fixé, – toujours dans un lieu où il y a du monde –ce n’est pas forcément la fin des désillusions. «Le nombre de lapins qu’on m’a posés est incroyable, c’est récurrent. Et puis il faut assumer le choc de la découverte de l’autre, un peu comme dans l’émission culte Tournez manège dans les années 1990!»

Choix du réseau social

«Quand la personne que l’on a en face de soi est bizarre ou un peu glauque, on se sent un peu mal d’avoir échangé tant de choses avec elle, parfois très intimes, rigole encore Julie qui a eu son lot de déceptions. En fait, ajoute-t-elle, il faut d’abord bien choisir son réseau social, certains sont plus dédiés à des rencontres sérieuses, tandis que d’autres sont destinés à une faune imprévisible.»