Restaurateurs: «Nous nous sentons trahis, abandonnés»

Face à l’incertitude qui pèse sur l’ouverture des restaurants le 10 décembre, les professionnels du secteur crient leur colère.

  • Les restaurateurs avaient manifesté leur mécontentement, le 19 novembre, sur la plaine de Plainpalais. ©Stéphane Chollet

«Nous nous sentons trahis!» Ce cri du cœur est signé Helena Rigotti. Sur les réseaux sociaux, la vice-présidente du Groupement professionnel des restaurateurs et hôteliers (GPRH) s’est faite l’écho de la colère des restaurateurs. L’objet de leur courroux, c’est l’annonce faite mercredi 2 décembre par l'Exécutif genevois que la décision formelle de rouvrir les restaurants le jeudi 10 décembre sera prise le mercredi 9, soit la veille. 

«Un restaurant est une grosse machine à faire redémarrer après autant de jours de fermeture et cela ne peut pas être fait du jour pour le lendemain», s’insurge Helena Rigotti. «Nos collaborateurs ont le droit aussi de se préparer et on ne peut pas leur dire de travailler du jour au lendemain. Et nos fournisseurs doivent préparer et livrer plus de 2000 restaurants dans l’urgence?»  

La patronne du Vino Olio Caffè poursuit: «Nous lui (ndlr: au conseiller d’Etat chargé de la Santé, Mauro Poggia) avons pourtant dit que cela ne servira à rien de nous faire ouvrir si ce n’est pas dans de bonnes conditions. Et que lit-on dans le communiqué de presse du Conseil d’Etat? Une occupation maximale des établissements plafonnée à 30% afin de réduire l’impact sur les infections. Non ce n’est pas possible! on ne peut pas ouvrir ainsi! AUTANT NE PAS OUVRIR! Monsieur le conseiller d’Etat Mauro Poggia.» Et d’ajouter: «Nous avons fait notre part, mais devons supporter toutes les conséquences de cette crise sanitaire.» Publié ce jeudi matin sur les réseaux sociaux, son post a été partagé 80 fois en quelques heures. 

Le président du GPRH, Anthony Castrilli abonde dans son sens: «Cela devient critique, voire tragique. Il faut que le Conseil d’Etat assume les conséquences de ses décisions. Ce n’est pas à nous restaurateurs d’en payer le prix de notre poche.» Evoquant le renforcement des contrôles annoncés par le Gouvernement, il ajoute: «On stigmatise les restaurants! Il y a une méconnaissance de notre métier. On se sent otages de la situation et totalement abandonnés.»

De son côté, Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève lâche: «Le stress continue! On ne comprend pas objectivement pourquoi attendre la veille pour prendre cette décision. C’est angoissant et révoltant!» Et d’ajouter: «On ne discute pas la partie sanitaire. On dit simplement: si nos établissements doivent fermer, il faut des aides pour éviter les faillites. Et 2000 ou 3000 francs ne suffisent pas...», conclut-il découragé. 

 

«L’information sera donnée bien évidemment avant»

MP • Réagissant aux critiques des associations représentant les restaurateurs, le conseiller d'Etat chargé de la Santé, Mauro Poggia, écrit: «Si je comprends le désarroi des restaurateurs compte tenu des mesures prises à l’égard de ce secteur économique, tout en précisant que l’ensemble des cantons romands ont pris les mêmes mesures, leur tendance à faire systématiquement des procès d’intentions au Conseil d’Etat devient lassante, sachant de surcroît que les contacts avec mes services pour préparer la réouverture sont en cours.
Plutôt que les attaques constantes envers les autorités qui embrasent les membres de ce secteur qui ne connaissent pas ce qui est en cours, les dirigeants de ces associations professionnelles seraient bien inspirés d’aller aux sources de l’information.
La date du 10 décembre a été indiquée en tant qu’objectif, sous réserve de la situation épidémiologique, et ce but est maintenu. Le Conseil d’Etat est bien conscient que l’on n’informe pas les restaurateurs le 9 qu’ils peuvent ouvrir le lendemain, et l’information sera donnée bien évidemment avant. Pour ce qui est de la capacité d’accueil, les discussions sont en cours, et rien n’est arrêté. Quant aux aides financières, le Conseil d’Etat a déposé des projets de lois, et des prestations sont déjà disponibles. Il serait intéressant de savoir si tous ceux qui se plaignent ont déjà fait valoir les droits qui leur ont été accordés.»