«C’est tous les jours comme cela et pire le week-end. Belle image de Genève!»
Une habitante des Pâquis
Un dimanche matin d’août dans le quartier des Pâquis. Il est 9 heures, la journée va être chaude. Les personnes les plus matinales sont allées chercher des croissants à la boulangerie ou ont déjà promené leurs chiens. «Je balaye devant l’allée à 7 heures avant de sortir mon toutou, sinon il risque de se couper avec tous ces débris de verre», déplore une habitante de la rue Charles-Cusin.
Bouteilles cassées par terre
A 9h15, rue Sismondi, la perpendiculaire, c’est le petchi. Des dizaines de personnes, la plupart une bière ou une bouteille de vodka à la main, n’ont pas encore terminé leur nuit. Certains parlent très fort, visiblement bourrés. Un seul établissement public sert encore. Pour les afters. Par groupes, des jeunes (et moins jeunes) s’attablent sur sa terrasse ou celles des cafés qui n’ouvrent qu’à 10 heures.
«Soit ils laissent traîner leurs bouteilles sur nos tables, soit ils jettent tout par terre: les bouteilles se cassent», explique un serveur qui commence sa journée en ramassant les détritus des fêtards. L’alcool, qui coule encore à flot en ce matin d’été, a principalement été acheté dans les nombreuses échoppes et bureaux de tabac du quartier ouverts toute la nuit mais n’offrant pas de toilettes. Du coup, les fêtards font pipi dans la rue, contre les voitures…
La police passe...
A 9h20, une voiture de police arrive, lentement, rue Charles-Cusin. Elle tourne à droite rue Sismondi, poursuit son chemin. Sur une dizaine de passages en moins de deux heures, les policiers en voiture ne feront qu’une seule remarque (par la fenêtre) aux fêtards qui ne bougent pas d’un iota. Des prostituées commencent à s’installer dans le quartier, notamment devant une allée de la rue Sismondi. Elles se mêlent comme elles peuvent à tous ces gens qui ne comprennent pas qu’on ose leur demander d’aller plus loin. «On est en démocratie, non?», répond un jeune homme agressif.
Touristes éberlués
Au milieu des mégots, des bouteilles en verre ou en PET, des canettes de bière, des papiers en tout genre et des paires de lunettes (!), une habitante des Pâquis se confie: «C’est tous les jours comme cela et pire le week-end. Vous voyez l’image de Genève!» Justement, à l’angle de la rue Sismondi et de la rue des Pâquis, un car attend des touristes qui sortent de leur hôtel et qui assistent, visiblement incrédules, à la scène. Un individu au pantalon tombant court après une demoiselle pour lui mettre la main aux fesses en riant, un autre joue au foot avec une canette en alu, un troisième jette sa bouteille dans la rue. «Nous, on doit payer des taxes, notamment pour débarrasser nos verres», se désole un cafetier restaurateur. Un Pâquisard secoue la tête : «L’autre jour, on a dû aider une infirmière à domicile à entrer pour voir son patient. Des gens l’empêchaient de pénétrer dans l’allée.»
Il est 10 heures, les pneus des voitures crissent sur les débris de verre. Un véhicule de la Voirie arrive. Trois hommes. L’un au volant, les deux autres à pied en train de balayer. La nettoyeuse de Genève ville propre doit slalomer sur les trottoirs entre les détritus et les gens qui ne font pas un geste pour la laisser passer. «C’est parfois sportif de travailler dans le quartier, confie un employé de la Ville de Genève. Et je ne vous dis pas les lendemains de matches de foot.» Il est 10h15, la nettoyeuse poursuit sa route. Sur la rue Sismondi, rien n’a changé si ce n’est que les détritus ont disparu. On continue de causer fort et boire de la bière. Les voitures de la police passent et repassent.