«Sans la paix, rien n'est possible»

- Secrétaire général des Nations Unies de 1997 à 2006, il crée en 2007 une Fondation consacrée à promouvoir une meilleure gouvernance mondiale et à la paix.
- Prix Nobel de la paix en 2001, il tire le bilan de quarante ans de conflits dans une biographie parue en septembre aux Etats-Unis et qui sera éditée en français en 2013.
- Le 15 décembre, l'ensemble vocal Cappella Genevensis a donné son Concert de Noël au profit de la Fondation.

  • «Sans la paix, rien n'est possible»

    «Sans la paix, rien n'est possible»

- Vous avez créé votre Fondation en 2007, une année après la fin de votre mandat de Secrétaire général des Nations Unies. Que vous permet-elle de réaliser ?
- La fondation m'apporte le cadre nécessaire à la réalisation de mes activités, ainsi qu'une équipe engagée qui me soutient dans mon travail. Je cherche à mettre l'expérience, les réseaux et la vision gagnés au cours ma vie professionnelle et personnelle au service des causes qui me tiennent à cœur.

- De quelles causes parlez-vous ?

- Promouvoir une meilleure gouvernance mondiale et renforcer les capacités des peuples et des nations à faire advenir un monde plus juste et plus sûr en font partie. Cette vision d'ensemble passe notamment par la prévention et la résolution des conflits, le développement durable et les droits de l'homme.

- Quels sont les projets qui vous tiennent le plus à cœur ? 

-La médiation pour essayer de prévenir ou résoudre des conflits, comme au Kenya ou en Syrie. C'est une priorité car sans la paix, rien n'est possible. Je me préoccupe aussi de l'avenir de l'Afrique, à travers l'Africa Progress Panel (APP). Mes collègues et moi suivons les progrès effectués sur le continent, notamment en matière de gouvernance ou de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

- Le développement responsable de l'agriculture est également l'une des préoccupations de la Fondation ?

- C'est exact. L'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) est ailleurs l'un des autres projets qui me tient à cœur. Il s'agit de transformer le secteur agricole en Afrique, d'inspirer une révolution verte sur ce continent et d'y assurer la sécurité alimentaire.

- La Fondation vient d'achever un projet conjoint avec l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale (IDEA). Que vise-t-il ?

- A mesure que des élections multipartites truquées ou tronquées ont proliféré depuis la fin de la guerre froide, provoquant parfois des troubles majeurs, voire des guerres civiles, la confiance en la démocratie s'est érodée. Le Rapport de la Commission mondiale sur les élections, la démocratie et la sécurité - intitulé «Renforcer la démocratie: une stratégie pour améliorer l'intégrité des élections dans le monde» - est le résultat de deux ans de recherches et de discussions menées par un groupe d'éminents spécialistes et anciens dirigeants, dans le but de promouvoir et protéger l'intégrité des élections dans le monde.

- Quelle en est sa portée ?

- Le rapport inclut une série de recommandations concernant les mesures à prendre aux niveaux national, transnational et international et fait valoir que l'intégrité des élections est indispensable pour que le processus électoral incarne la démocratie, fasse avancer le développement et favorise la sécurité.ñ Lors de vos adieux en tant que Secrétaire général de l'ONU, vous avez dit: «Genève et la Suisse sont un peu ma deuxième patrie».

- Comment la décririez-vous aujourd'hui ?

- Je suis très attaché à la Suisse et à Genève en particulier, où j'ai franchi des étapes décisives de la vie. J'y ai fait mes études (ndlr. à HEI - Hautes Etudes internationales), j'y ai amorcé ma carrière professionnelle (ndlr. à l'OMS - Organisation Mondiale de la Santé) et j'y ai rencontré mon épouse.ñ

- Pourquoi avoir choisi Genève comme siège de la Fondation ?

- Genève est bien plus qu'un lieu: c'est un symbole. Genève est une ville de paix, de tolérance et de coopération internationale. Elle correspond donc davantage à l'esprit que je voulais impartir à ma fondation et aux objectifs que je lui ai fixés.

- Genève est-elle toujours une ville forte et attractive pour les organisations internationales ?

- Genève a de nombreux atouts, notamment son histoire, les valeurs qu'elle incarne et la masse critique d'organisations internationales, d'ONG et de multinationales qui y ont leur siège. Cet assemblage serait difficile à reproduire dans un autre environnement.

- En 2006, vous avez reçu le Prix de la Fondation pour Genève, en remerciement de votre contribution au rayonnement de la cité de Calvin. Qu'est-ce que ce prix représente pour vous ?

- C'était gratifiant d'apprendre que l'affection que j'ai pour Genève était partagée! J'ai vécu cet événement comme une forme de reconnaissance d'une carrière animée par «l'Esprit de Genève», c'est-à-dire la conviction qu'on peut résoudre les problèmes de ce monde par le dialogue et la coopération.

Fondation Kofi Annan, Genève, tél.: 022 919 7520, e-mail: info@kofiannanfoundation.org, http://kofiannanfoundation.org«C'est gratifiant d'apprendre que l'affection que j'ai pour Genève est partagée»