«Sauvons la famille Walder à Versoix!»

Expulsée de son chalet, une famille de forains connue refuse de quitter le site de la Bécassière. Les Walder ne peuvent pas payer les quelque 200’000 francs pour le démontage de cette construction illégale. De leur côté, les autorités maintiennent l’expulsion. Avec, si nécessaire, l’intervention des forces de l’ordre.

  • La version XXL de ce mobile-home fait des remous sur l’aire des gens du voyage. STéPHANE CHOLLET

    La version XXL de ce mobile-home fait des remous sur l’aire des gens du voyage. STéPHANE CHOLLET

«Je vais me retouver à la rue avec mes quatre enfants!»

Christian Walder, forain à la Béccassière

Vent de panique chez les forains de Versoix sur le site dit de la Bécassière! La famille Walder, forains connus depuis cinq générations, est expulsable à tout moment. Sa faute? Avoir construit illégalement en 2013, mais surtout hors gabarit, un chalet permanent de plain-pied sur le nouveau terrain des gens du voyage. «Nous refusons de partir tant que l’Etat ne nous propose pas une autre solution, moins onéreuse, que cette expulsion forcée!» prévient le patriarche Christian Walder. Et d’étayer: «Nous n’arrivons pas à vendre notre construction préfabriquée haute de 6,5 mètres qui nous a coûté plusieurs centaines de milliers de francs. Et en plus, on devrait payer 200’000 francs pour le démontage et l’entreposage de notre chalet et cela additionné à l’amende de 10’000 francs pour construction illégale! On se moque de nous, j’ai quatre enfants, on va se retrouver à la rue!»

Un cri de détresse qui laisse de marbre les autorités cantonales. «Le jugement d’évacuation est entré en force, il n’y a donc plus de recours possible», confirme Henri Roth, secrétaire général adjoint chargé de communication au Département des finances. Et de rappeler: «Un huissier a été mandaté par l’Office des bâtiments pour faire exécuter ce jugement. Les occupants n’ayant pas communiqué de date de départ volontaire, la force publique devra être requise pour une évacuation forcée.»

«Je ne veux pas me laisser faire, je continue à me battre, je ne quitterai pas les lieux et j’attends de pied ferme la décision de la Cour européenne des droits de l’homme que nous avons actionnée en mars 2016», lance encore Christian Walder. Et de poursuivre: «Ça fait trois ans que je vis dans ce chalet à la Bécassière. Lorsque j’étais installé au Molard, ancien site des gens du voyage de Versoix où je suis resté 47 ans, il y avait déjà des constructions de mobile-homes sur plusieurs niveaux. Je ne comprends pas l’entêtement de l’Etat à refuser le gabarit de notre chalet. Nous sommes aujourd’hui semi-sédentarisés, elle est terminée la vie de famille de forains dans des simples roulottes containers!» Et face à l’imminence de cette expulsion forcée, la communauté des forains de Versoix s’inquiète sérieusement aussi pour son avenir: «Ça va être qui le prochain, en sachant que d’autres structures ne correspondent pas au nouveau règlement obligeant les mobile-homes à être déplaçables rapidement?» tonne furibard un forain. Et Me Pascal Junod, avocat de la famille Walder, d’ajouter avec une pointe d’ironie: «L’enjeu de cette affaire va bien plus loin que la construction controversée. Cette expulsion risque bien d’en déclencher d’autres. Les forains ne sont pas tous installés de plain-pied, il risque donc d’y avoir d’autres départs forcés…»

Chalet de la discorde

ChZ • L’installation de ce chalet controversé sur le site de la Bécassière a été déclarée illégale en 2013. Les raisons? L’aire est réservée à des constructions mobiles avec une structure de plain-pied, donc uniquement des mobile-homes sans ancrage au sol afin qu’ils puissent être déplacés facilement. Les Walder ont contesté l’illégalité de leur chalet et le fait d’être en infraction sur le site de la Bécassière. Ainsi, des procédures se sont succédées depuis 2013, la dernière étant pendante devant la Cour européenne des droits de l’homme. Rappel de l’affaire. En septembre 2013, l’Etat a résilié leur contrat de séjour pour cette installation illégale sur une parcelle vouée au parking. En septembre 2015, le Tribunal fédéral a rejeté la contestation du congé donné en 2013 et en janvier 2017, l’Etat leur a signifié l’expulsion.