Sécurité de proximité: Maudet dégaine son plan

- Bernex-Champagne et ses 23’000 habitants vont servir de secteur pilote.
- Le projet intègre APM, travailleurs sociaux, concierges et, surtout, la population.
- A l’avenir, le citoyen est appelé à devenir un partenaire important de la sécurité.

«Notre objectif est de s’attaquer à ces incivilités qui plombent le moral des habitants»

Pierre Maudet, conseiller d’Etat

Les bonnes statistiques sur la baisse de la criminalité ne suffisent plus au conseiller d’Etat Pierre Maudet. En pleine campagne sur la nouvelle loi sur la police (lire ci-dessous), en votation le 8 mars, le ministre de la sécurité genevoise dégaine, opportunément, un ambitieux plan de la sécurité de proximité à Genève. «Nous allons créer une unité entièrement dédiée à la mission de police de proximité au sein de la police cantonale», lâche le magistrat. Avant de préciser: «Sa mise en place ne peut se faire qu’à l’échelle cantonale et sur la base de l’article 11 de la nouvelle loi sur la police». Mais de quoi s’agit-il concrètement? «Le plan prévoit de délimiter le canton en secteurs de proximité. Idéalement, six ou sept à l’horizon 2018. Notre objectif prioritaire est de s’attaquer à ces infractions et incivilités qui plombent le moral des habitants. Pour cela, nous devons notamment renforcer la présence policière sur les lieux à risque, de jour comme de nuit. Anticiper. Contribuer au renforcement du tissu social dont la dégradation influence massivement le sentiment d’insécurité des citoyens. Il faut aussi travailler davantage sur les victimes potentielles comme les aînés et être plus à l’écoute des citoyens pour en faire des partenaires de la sécurité», préconise l’élu. Qui poursuit: «Occuper mieux le terrain de la proximité, évite aussi les zones de non-droit et permet de lutter contre le repli identitaire et le communautarisme.»

Augmenter les effectifs

Cette refonte passera-t-elle par l’augmentation des effectifs? «Oui. En partie. Les effectifs de la police cantonale de proximité se montent actuellement à 151 agents, dont 28 assistants de sécurité publique (ASP). Pour fonctionner de manière idéale, il faudrait les augmenter d’environ 150 agents. Bien entendu, cette hausse doit aussi se concrétiser pour les autres secteurs de la police», détaille André Castella, secrétaire général adjoint au Département de la sécurité (DSE). Côté budget, même si aucun chiffre n’est encore articulé, pas question que la police cantonale supporte seule la mise en place de cette nouvelle politique de la sécurité à Genève. «Les communes participeront. Elles affecteront des APM à ces zones de sécurité. Elles le feront au prorata de leur population», précise André Castella. Qui avance à pas de charge depuis qu’il a reçu le feu vert du magistrat. «Les neuf communes de Bernex-Champagne et leurs 23’000 habitants vont servir de secteur pilote. Début janvier, nous avons rencontré les magistrats communaux et mis en place avec eux les bases de notre collaboration. Idéalement, on démarrera fin 2015.»

A grande échelle

Même si la police cantonale reste la pierre angulaire du projet, André Castella et son magistrat privilégient une approche multidisciplinaire qui a déjà fait ses preuves. «Notre politique intègre les APM, les travailleurs sociaux, les concierges, le bureau d’intégration et, comme l’a rappelé Pierre Maudet, la population qui doit être mieux associée. A Genève, il y a déjà beaucoup d’acteurs présents qui réhabilitent le civisme au quotidien. Ils font du bon travail. Comme par exemple dans le quartier sensible des Libellules à Vernier. Il faut développer cette collaboration à une plus grande échelle. Au fond, la solution pour mieux vivre ensemble, c’est que toute forme de police soit de proximité!»

Pour André Castella et Pierre Maudet, la police devrait être de proximité. DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

«Il y aura encore plus de policiers sur le terrain»

INTERVIEW • Le conseiller d’Etat Pierre Maudet se veut rassurant quant aux conséquences de la nouvelle loi pour les policiers.

Pourquoi une nouvelle loi sur la police?

La loi actuelle date de 1957. Elle est totalement inadaptée à la lutte contre une nouvelle criminalité qui ne cesse de se développer. La nouvelle loi permettra d’augmenter la présence policière dans la rue. Je rappelle que les syndcats policiers avaient soutenu ce projet lors de son dépôt au Parlement.

Restreint-elle les droits syndicaux des policiers?

Non, bien au contraire, je dirais qu’elle les renforce. Une commission du personnel sera créée, ses membres seront élus par l’ensemble du personnel de la police. La situation actuelle n’est pas satisfaisante, le personnel administratif de la police ainsi que les policiers non-syndiqués ne sont pas représentés par les actuels syndicats. Des membres syndiqués pourront aussi se présenter.

Permet-elle d’engager des policiers étrangers?

Non, cette interdiction a d’ailleurs été renforcée par l’inscription dans un règlement sur le personnel de l’administration cantonale, ce que la loi de 1957 ne mentionne pas. La nouvelle loi renforce donc l’obligation pour les policiers d’être Suisses.

La nouvelle loi menace-t-elle les acquis sociaux des policiers?

Non, la prime d’assurance maladie, la retraite anticipée ou encore l’indemnité pour risques sont maintenues.

Supprime-t-elle la gendarmerie?

Non. La Gendarmerie continuera à exister au travers de quatre unités opérationnelles (police-secours, police de proximité, police de la route et police internationale). Il y aura même davantage de policiers en uniforme sur le terrain. GiM