Surchauffe aux cuisines scolaires

- Les animateurs et bénévoles n'en peuvent plus de la hausse des problèmes d'irrespect, des décibels et d'exiguité des réfectoires.
- Les autorités nient les questions d'irrespect, mais un groupe de travail a été mis sur pied.
- La hausse des régimes alimentaires complique aussi le travail.

  • Pas toujours facile de servir les repas des enfants à midi.

    Pas toujours facile de servir les repas des enfants à midi.

  • Pas toujours facile de servir les repas des enfants à midi.

    Pas toujours facile de servir les repas des enfants à midi.

Manque de respect, vulgarité, cris, batailles de nourriture, parfois bagarres... Des élèves ne se privent pas pour mener la vie dure aux animateurs du Groupement intercommunal pour l'animation parascolaire (giap) et bénévoles qui leur servent à manger. «A cela s'ajoutent des locaux trop petits, un bruit assourdissant, des régimes alimentaires compliqués, bref, tout cela cause à tous les partenaires bien du souci, soulève Reinier Zoeteweij, président de la Fédération des cuisines et restaurants scolaires de Genève. Et puis, chaque année, entre 6 et 10% d'enfants de plus sont inscrits à midi (lire brève ci-contre). Nous sommes mis devant le fait accompli et nos structures restent les mêmes.»Le ras-le-bol est entendu. «Un groupe de travail avec la Ville de Genève est mis sur pied pour trouver des solutions à tous ces problèmes», ajoute Reinier Zoeteweij. Deux groupes de réflexion planchent aujourd'hui sur ces problématiques, ainsi que sur la gestion administrative des restaurants scolaires et les prestations.

Incivilités: niet!

Premier point, l'irrespect mis en sourdine par les autorités. «Nous n'assimilons pas cela à des incivilités, relève Nicolas Diserens, directeur du giap. Ce n'est pas le défi majeur d'aujourd'hui.» Même topo pour Isabelle Widmer, cheffe du Service des écoles et de la petite enfance. «Il y a des groupes qui sont tout à fait à même de gérer des enfants, vifs et parfois agités. Et il y en d'autres pour lesquels c'est plus difficile.» L'indulgence des uns ne fait pas le bonheur des autres. «J'ai l'impression d'être un distributeur, un robot invisible où les mots «merci» et «s'il-vous-plaît» sont remplacés par «encore» et «ta gueule», regrette de son côté Agathe*, une employée d'une cuisine scolaire.

Quelles solutions?

Autre source de difficultés, l'exiguité ou le manque de locaux parascolaires. «Avec 500 enfants de plus chaque année, l'accueil devient problématique en Ville de Genève, relève Nicolas Diserens. Nous travaillons constamment à l'amélioration de la prestation afin d'avoir les moyens d'accueillir les enfants dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes partie prenante dans les chantiers de rénovations d'écoles, nombreux en Ville de Genève.» Isabelle Widmer prend le problème de l'insonorisation très au sérieux. «Nous travaillons sur les matériaux phono-absorbants, comme les tables, les parois et les murs. Ainsi, lorsque vous avez 20 cuillères qui tapent les assiettes, cela réduira le bruit.»

Aux adultes de réfléchir

Esther Alder, magistrate de la Ville de Genève et présidente du giap, déclare: «Nous devons améliorer la qualité globale de la prestation des restaurants scolaires, soit l'accueil des enfants, leur encadrement, les repas servis et le confort des lieux. C'est le sens même des groupes de travail mis en place.» Elle relève avoir déjà obtenu l'ouverture de 300 nouvelles places à la rentrée scolaire passée. «Il faut poursuivre sur cette lancée en améliorant l'aménagement des espaces, la formation du personnel et en réfléchissant à la gouvernance des restaurants scolaires. Et même si les enfants n'ont pas toujours un comportement idéal, ce sont des enfants. Et ce sont les adultes, y compris les bénévoles, qui doivent réfléchir aux meilleurs moyens pour proposer aux élèves un temps de repos et de repas de qualité..» *prénom d'emprunt

Les régimes alimentaires sous la loupe

SJ • Les cas d'allergies et d'intolérances alimentaires créent des complications supplémentaires pour le parascolaire. «Chaque animateur doit connaître les problématiques de 10 à 12 enfants, explique Maria*, une animatrice. Comme ils ne s'assoient pas à la même table, il suffit d'une seconde d'inattention pour se tromper et frôler la catastrophe.» La doctoresse Huguette Jodry, responsable des maladies chroniques au Service santé de la jeunesse (SSJ) le reconnaît. C'est pourquoi le SSJ propose un document, le PAI, pour Projet d'Accueil Individualisé, qui clarifie l'accueil des enfants porteurs de maladie chronique, en particulier les allergies alimentaires. «C'est une base tripartite entre nous, l'école et les parents, pour éviter tout problème. Environ 300 enfants bénéficient de ce programme». Deux types d'allergies: simple (comme un aliment comme un légume, fruit ou poisson) ou compliquée (avec un allergène caché dans des préparations). Dans ce cas, les parents préparent un panier-repas à l'enfant. «A cela s'ajoutent différentes intolérances au gluten ou au lactose et les régimes liés à la religion. «L'idéal, dit Maria, serait de regrouper tous ces enfants à la même table. Mais ce serait discriminatoire.» A noter que là où travaille Maria, «sur 160 enfants, 45 suivent un régime spécial.*Nom d'emprunt