Surmédicalisation: «Assez!»

  • Boris Cyrulnik.

    Boris Cyrulnik.

ACCOMPAGNEMENT • Dans le monde entier, des voix s'élèvent contre l'augmentation des consultations psychopédagogiques et la «surmédicalisation» des patients. Boris Cyrulnik, célèbre psychanalyste français en fait partie. Autrefois ancien directeur du DSM (le manuel des troubles mentaux), il dénonce aujourd'hui ses dernières éditions (lire ci-contre). «Les psys font de réelles découvertes, alors on leur demande de répondre aux questions de tous les jours. Or, ces questions sont des problèmes fondamentaux auxquels il ne savent pas répondre.»

La grand-mère suffisait

Il continue: «Dans les cultures anciennes, on vivait dans un monde de certitudes, le prêtre ou la grand-mère répondaient aux soucis. Aujourd'hui, on vit dans un monde de connaissances. Alors lorsque quelqu'un a acquis un petit savoir, on lui demande de répondre aux problèmes fondamentaux. De plus, la technologie a disqualifié les remèdes de «bonnes femmes». La mère ne demande plus conseil à sa propre mère ou à son mari, elle téléphone au spécialiste.» Et de préciser: «C'est donc une nouvelle culture qui disqualifie l'expérience quotidienne et surestime le spécialiste.»

Accompagnement social

Très bien. Mais quelles autres solutions apporter à des familles en détresse? Réponse d'une psychologue, préférant rester anonyme: «Depuis quelques années, en Europe et Outre-Atlantique, certains professionnels mettent l'accent sur le soutien à la parentalité en accompagnant les enfants et leurs parents. Ils se sont rendu compte que l'on peut dépister certains besoins sans faire intervenir tout de suite l'aspect médical.» Ici, des spécialistes vont déjà dans ce sens, mais restent pour l'heure des «originaux».