100 % cachemire

• Après les découvertes d'organismes génétiquement modifiés (OGM) sauvages à Lugano et à Bâle, Genève est sous la loupe des biologistes.
•Des tests positifs mettraient l'agriculture régionale écologique en danger.
• Le Conseil d'Etat s'engage dans la lutte anti-OGM. Gottlieb Dändliker, porte-parole de la Biodiversité, révèle son plan d'action.

  • Luigi D'Andrea, biologiste indépendant, est à l'origine des découvertes de colza transgénique sur les voies ferroviaires de Lugano et de Bâle.

    Luigi D'Andrea, biologiste indépendant, est à l'origine des découvertes de colza transgénique sur les voies ferroviaires de Lugano et de Bâle.

Et si vous consommiez des organismes génétiquement modifiés (OGM) sans le savoir? Aussi inquiétant que cela puisse paraître, ce scénario pourrait se produire prochainement à Genève. Dans le cadre de campagnes d'échantillonnage menés par l'Office fédérale de l'environnement (OFEV) et Greenpeace, du colza génétiquement modifié a déjà été découvert à Lugano et à Bâle. Des cultures sauvages et accidentelles, présentes en raison de failles dans le transport de graines. Suite à ces découvertes, Genève est devenue le suspect numéro un d'une semence sauvage d'OGM dans le pays.

Echantillons à Genève

C'est donc dans la cité de Calvin que les spécialistes ont posé, en catimini, leurs éprouvettes le 28 juin dernier. «Les ports et les gares sont nos cibles principales», souligne Luigi D'Andrea, biologiste indépendant mandaté par Greenpeace. En ce qui concerne Genève, c'est donc naturellement à la Praille et ses alentours que le scientifique a prélevé une vingtaine d'échantillons.

Résultats incertains

Si les premiers résultats se sont avérés négatifs, les Genevois sont loin d'être tirés d'affaire: «En apparence, il n'y a pas la moindre différence entre une plante GM et une plante conventionnelle, souligne Luigi D'Andrea. Ce n'est pas parce que nous n'en avons pas trouvé à Genève qu'il n'y en a pas.» Mais que risque-t-on au juste si de nouveaux échantillons se révélaient positifs? «L'existence de quelques plantes transgéniques peut vite devenir un problème, souligne Marianne Künzle, responsable de la campagne agriculture chez Greenpeace. Les OGM peuvent contaminer l'agriculture environnante en un éclair. D'autant plus que la Suisse est un si petit territoire.» Luigi D'Andrea, quant à lui, est encore plus alarmiste: «Le potentiel de dispersion du colza est énorme. Il peut aussi se croiser avec la flore sauvage.»

Moindre risque

Reste à savoir pourquoi les résultats genevois sont négatifs malgré les soupçons des spécialistes? «Probablement parce que Genève n'est pas une porte d'entrée aux importations agricoles aussi importante que Bâle», suppose Arnold Schori, chercheur en charge de l'amélioration des plantes et des ressources génétiques à l'Agroscope de Changins-Wädenswil. Et de préciser: «Les graines de colza en transit sont destinées au pressage pour en extraire l'huile.» Une réalité qui ne concerne pas Genève puisque le canton est dénué d'usine d'extraction.Selon le chercheur, le scénario des champs contaminés est une réalité éloignée pour le moment: «La pureté des semences commercialisées en Suisse est très contrôlée, insiste-t-il. Le fait que quelques-unes tombent du wagon ne constitue donc pas actuellement un danger pour notre production agricole.» Info ou intox? Pour le découvrir, les spécialistes ont jusqu'en novembre 2013, date de péremption d'un moratoire interdisant la culture des OGM en Suisse.

Cologny, seule commune sans OGM

SZ • Cologny est l'unique commune genevoise à s'être engagée contre les orgnismes génétiquement modifiés (OGM). Depuis 2005, la paisible enclave dorée s'est associée à la campagne de prévention Communes sans OGM, encadrée par l'association Stop'OGM. «Nous n'aurons jamais de plantes transgéniques chez nous», assure Pierre-Yves Vallon, maire de Cologny.Mais parmi toutes les communes genevoises, pourquoi Cologny est-elle l'unique à s'être lancée aussi activement dans la lutte anti-OGM? «Parce qu'il n'y a qu'une exploitation agricole sur notre territoire, rigole Sarah Meylan, agricultrice colognote. Il faut que tous les agriculteurs d'une commune s'unissent pour adhérer à la campagne, ce qui est plus compliqué dans les zones à forte concentration agricole.» La résistance est historique: «A l'époque de notre engagement contre les OGM, mon père était conseiller administratif en charge de l'Environnement et a promis de ne jamais les utiliser dans les champs familiaux.»