Une centaine de renards rôdent en ville!

- Ils jouent les charognards des poubelles et utilisent les trous des chantiers comme terrier.
- Musaraignes, chauves-souris, fouines, ratons laveurs et sangliers arpentent aussi les rues la nuit.
- Le microclimat urbain et l'abondance de nourriture attirent ces bêtes sauvages devenues citadines.

  • Le renard ne craind pas l'homme.

    Le renard ne craind pas l'homme.

  • Des colverts des villes peu farouches.

    Des colverts des villes peu farouches.

  • Une foulque couve à l'ombre d'une barque...

    Des colverts des villes peu farouches.

  • A Genève, les canards nichent dans les bacs à fleurs.

    A Genève, les canards nichent dans les bacs à fleurs.

Cité Vieusseux, un dimanche de juin. Des drôles de squatters sont installés dans une cave d'un immeuble tagué. Ils sortent parfois dans la rue, pour le plus grand étonnement des résidents. «Regardez, c'est une famille de renards! Et les petits viennent tout juste de naître…» Dans ce quartier populaire du bas de la Servette, ces jolis renardeaux roux sont devenus les coqueluches des enfants qui les scrutent de loin. Les parents ont en effet tiré la sonnette d'alarme: il ne faut pas les approcher, ils peuvent véhiculer la gale, voir l'échinococcose*.

Charognards des villes

Le renard est un omnivore très intelligent. Il a de grandes facultés d'adaptation. Il est aussi très paresseux et ne se déplace que deux à trois heures par nuit pour manger. Mais en ville, il a changé de comportement. Il s'exhibe en plein jour et n'hésite pas à jouer les charognards en se nourrissant dans les poubelles. Autre nouveauté: il ne creuse plus de terrier mais préfère utiliser les trous des chantiers. Ce qui ne manque pas à Genève! «Ils logent en général dans des sous-terrains, des garages abandonnés, précise Gottlieb Dändliker, inspecteur cantonal de la faune. Nous estimons à près de cent la population des goupils en ville. Le microclimat et sa topographie attirent ces animaux sauvages.»

Faune urbaine

La ville est aussi digne d'intérêt pour beaucoup d'autres espèces sauvages, Ainsi, les rats et les pigeons étaient jusqu'à ces dix dernières années les animaux les plus prompts à s'installer en ville. «On voit principalement les rats en été, notamment pendant les Fêtes de Genève, poursuit le responsable de la faune. Ils sortent de leurs sous-terrains à cause du bruit.» Aujourd'hui, musaraignes (souris à longs museaux), chauves-souris, tourterelles, hérissons, étourneaux et faucons crécerelles se bousculent aussi au portillon. «Nous rencontrons des problèmes avec des corbeaux freux, note Patrick Jacot du COR, le Centre ornithologique de Genthod (lire ci-contre). Les gens se plaignent des coassements de ces corvidés, mais aussi parce qu'ils font les poubelles. Il y en a beaucoup sur le toit d'Aligro aux Vernets.»

Canards sur balcons

Le fondateur du COR relève que des canards colverts couvent parfois dans des bacs à fleurs sur des balcons. «De leur côté, les pigeons ramiers élisent domicile sur les enseignes des grands magasins. Nous avons même eu un grand butor coincé dans la fontaine de Cornavin. Et lors de la période de nidification, des grèves huppées fabriquent leurs nids derrière des bateaux. Nous devons veiller à ce que les propriétaires d'embarcation ne les détruisent pas, un acte interdit par la loi.»

Chasse interdite

Côté sangliers, l'Etat a dû en abattre près de 470 en 2010-2011. Ils occasionnaient pour environ 200'000 francs de dégâts dans les champs. Un paradoxe dans un canton où la chasse est interdite depuis 1974: ce sont en effet les garde-faunes qui se muent en… chasseurs!Si le centre-ville de Genève ne compte pas encore de loup, d'ours ou de lynx, ces animaux sauvages ne sont toutefois pas très loin, notamment de l'autre côté de la frontière, près du Salève. Une grande diversité d'espèces clandestines qui ne demandent, en somme, qu'à devenir de bons citoyens.

Stop à la nourriture!

ChZ • «Les problèmes du nourrissage sont à l'origine du déplacement de la plupart des animaux sauvages en ville, relève Gottlieb Dändliker, inspecteur cantonal de la faune. Les blaireaux, les rats et les volatiles sont hélas nourris par la population. Les gens continuent à gaver les pigeons, s'indigne le responsable de la faune. Nous avons même vu des casseroles entières de riz pour ces oiseaux! Il est important de stopper ces mauvaises habitudes, car in fine ce sont les rats, les fouines et les corneilles qui en profitent. Et cela provoque des désastres, car certains animaux indésirables en ville n'arrêtent pas de se multiplier et ainsi provoquent des nuisances. Le problème est identique avec les cygnes. On peut très bien leur donner, pour le fun, un petit morceau de pain. Mais pas des dizaines de kilos, cela leur provoque des cirrhoses du foie à cause de la quantité de sel qui se trouve dans le pain.»