Une pétition contre la fermeture des restaurants à 19h cartonne

Lancé mardi 8 décembre au soir, le texte qui fustige le durcissement des mesures prévu par le Conseil fédéral a déjà recueilli plus de 45'000 signatures mercredi à 14h.

  • Dans les cuisines du Cinecittà, les préparatifs battent leur plein. DR

Les messages de soutien aux restaurateurs explosent. Dernier coup dur en date pour ces derniers: l’annonce par le Conseil fédéral mardi 8 décembre à 18h30 d’une possible fermeture des restaurants et cafés à 19h et le dimanche. Cette énième contrainte, soumise aux cantons pour consultation, pourrait être effective dès samedi 12 décembre et jusqu’au 20 janvier. 

De quoi entraîner un véritable branle-bas de combat. Une pétition a ainsi vu le jour dans la foulée de l’annonce. Intitulée 19h.ch, elle a recueilli des dizaines de milliers de signatures en quelques heures. A 14h mercredi, le compteur affichait: 45'600 paraphes. 

«Foutoir»

Les restaurateurs expriment leur incompréhension voire leur sidération face à cette situation: «Si le nombre de cas a augmenté alors qu’on était fermé, c’est que nous ne sommes pas les fautifs! Alors inutile de durcir encore les mesures», s’insurge Anthony Castrilli, président du Groupement professionnel des restaurateurs et hôteliers. Et d’ajouter incrédule: «Nous avons rempli nos stocks. Les employés sont en train de travailler à la mise en place et aux préparatifs et tout pourrait être remis en cause vendredi!» Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers de Genève dénonce de son côté «le non-respect des artisans et commerçants. La gestion de cette crise est un foutoir incompréhensible où chacun dans son coin fait une réglementation à sa sauce.»

Colère des autorités

Le projet fédéral suscite aussi la colère des autorités cantonales. Invité de la RTS mardi soir, le conseiller d’Etat chargé de la Santé, Mauro Poggia a déclaré: «Nous sommes fâchés, sur la forme. Cela fait un mois et demi que les gouvernements romands se battent avec les secteurs économiques pour leur faire comprendre les mesures que nous prenons qui sont dures à accepter, pour négocier les conditions d’une réouverture.» 

La classe politique a embrayé. A l’image du PDC genevois qui, dans un communiqué, estime que «le Conseil fédéral fait ainsi preuve d’un mépris total tant envers les Genevois qu’envers nos autorités».

 

«Sans le plexiglas, inutile d’ouvrir!»

L’annonce du Conseil fédéral a certes fichu un coup aux restaurateurs mais ces derniers étaient déjà dans une colère noire mardi 8 décembre. En cause: les mesures prises par le Canton de Genève la veille. A l’issue de la conférence de presse de l’exécutif genevois, un gros doute s’installe. Le Conseil d’Etat a décrété l’obligation d’installer les groupes de clients à 1,50 mètre les uns des autres. Sans préciser si les parois de plexiglas étaient encore conformes. Vérification faite mardi auprès de Laurent Paoliello, porte-parole du Département chargé de la Santé, paroi ou pas, «il faut 1,50 mètre entre chaque groupe.»

Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers tombe des nues mardi soir en le découvrant: «Tous les cantons suisses sont autorisés à les utiliser. Une nouvelle fois, Genève a décidé de faire cavalier seul.» Sans les parois, les restaurants voient leur capacité d’accueil chuter drastiquement. «Cela représente une diminution de 60 à 70% par rapport aux conditions précédemment appliquées, explique Anthony Castrillli, président du Groupement professionnel des restaurateurs et hôteliers. Même si le Conseil fédéral nous laisse ouvrir, avec les conditions imposées par le Canton, impossible d’être rentable.»

La vice-présidente du GPRH, Helena Rigotti ne décolère pas et dénonce «une idée hypocrite», une façon de faire passer en douce les 30% de capacité voulue par le Conseil d’Etat. Sans compter que nombre de restaurateurs ont investi dans les parois de plexiglas. «J’en ai eu pour 4000 francs par restaurant. Pour le Cinecittà, nous avons reçu et monté les parois lundi. Et maintenant, je fais quoi? Je les démonte et les stocke à la cave...»