Du jamais vu à Genève! La gérante de la station-service de Pierre-à-Bochet à Thônex, victime de sept cambriolages et d'une attaque en quatre mois, a décidé de prendre les devants et d'organiser sa propre sécurité. «Je n'en peux plus. J'ai subi un préjudice de 100'000 francs, j'ai donc décidé de payer moi-même la surveillance de mon commerce.»
Première
Gisèle, une sexagénaire qui gère depuis 25 ans la station Tamoil de la route d'Ambilly, est l'une des premières du canton à sortir la grosse artillerie sécuritaire: «Lundi, j'ai installé un système permettant d'empêcher les cambrioleurs de… sévir! En cas d'effraction, les voleurs se retrouvent prisonniers d'une dense fumée. Ils ne savent plus où ils sont et ils ne voient plus rien (lire encadré).»La gérante joue ainsi sa dernière carte pour se protéger. «J'ai déjà engagé durant deux semaines un agent de sécurité privé, puis un ami a pris le relais. J'étais d'ailleurs la première du canton à avoir engagé un privé pour me protéger. Aujourd'hui, je me barricade comme je peux. Et si cela ne suffit pas, je devrai malheureusement mettre la clé sous le paillasson!»
Record de casses
Il faut dire que la station de Pierre-à-Bochet, à une encablure de la frontière, est la cible favorite des voleurs et malfrats. Pour Gisèle et ses deux filles âgées de 26 et 29 ans, la coupe est pleine: «J'ai peur au point que je ne vis plus dans l'appartement de la station. Je suis écœurée, la police et les douaniers sont impuissants!» Pour l'anecdote, elle raconte comment elle a failli prendre en flagrant délit des malfrats en pleine action en juillet dernier: «Un ami qui surveillait la station les a entendus forcer la porte. Il a avisé la police mais finalement, l'arrivée bruyante des secouristes a fait fuir les voleurs!»
Station-frontière
La station-service est attenante à la rivière le Foron, à 20 mètres de la douane. L'arrière de la boutique fait face au cours d'eau et, par la même occasion, à la France. «En cas de poursuite, la police genevoise ne peut pas traverser la rivière entièrement française mais elle doit avertir ses homologues français. Je vous laisse imaginer le ridicule, car ce lieu est une vraie passoire. Avec l'ouverture des frontières, c'est la catastrophe! Mon assurance ne veut plus couvrir les frais et vient de résilier mon contrat…»
Cigarettes
Mais que vole-t-on particulièrement dans la station-service? «Surtout des cartouches de cigarettes, précise la fille de Gisèle. J'ai d'ailleurs retrouvé à 2 mètres de la douane les cartons des cartouches vides.» Et sa mère d'enchaîner: «D'après la police, il pourrait s'agir des mêmes voleurs. Le mode opératoire est toujours identique, ils connaissent parfaitement les lieux. Déterminés, ils ont forcé une porte blindée en fer et même celle de l'abri anti-atomique. J'ai beau protéger ma station comme une forteresse, rien n'y fait. Il n'y a plus qu'à espérer que le dernier système que j'ai installé porte ses fruits et qu'on arrête enfin ces casseurs!»