Voiture électrique: écolo? Pas si sûr

 Alors que les ventes de véhicules électriques s’envolent, se pose la question de leur bilan écologique.
Surprise! Dans certaines conditions, l’avantage comparatif est pire par rapport aux voitures thermiques.
Avant l’ouverture du Salon international de l’auto à Genève, nous faisons le point.e leur bilan écologique.

  • Faire l'acquisition d'une voiture électrique ne garantit pas l'absence d'impact sur l'environnement. 123RF/SCOTTS BETTS

    Faire l'acquisition d'une voiture électrique ne garantit pas l'absence d'impact sur l'environnement. 123RF/SCOTTS BETTS

Ça y est! Vous venez de faire l’acquisition d’une magnifique et silencieuse voiture électrique, et vous avez désormais bonne conscience! Vous avez fait votre part pour léguer une planète – relativement – plus propre aux générations futures, et vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.

Seulement voilà. Votre bonne conscience n’est peut-être que factice, et pour être électrique votre nouvelle acquisition n’en est pas pour autant forcément plus propre qu’une voiture thermique classique.

Alors écolo ou pas la voiture électrique? Tentative de réponses.

Production de la voiture

Les batteries de voitures électriques pèsent en moyenne 200 kg. A l’évidence, on émet donc plus de gaz à effet de serre pour produire une voiture électrique qu’une voiture classique. Ceci d’autant que la production de batteries implique l’extraction de minerais rares dans des pays où les conditions écologiques et sociales sont éminemment discutables.

Avec un petit bémol, lié aux tendances actuelles: en raison de la multiplication des SUV, les voitures thermiques sont plus lourdes, ce qui tempère un peu leur avantage comparatif.

Energie hydraulique, éolienne ou... nucléaire

A priori, l’intérêt des véhicules électriques, qui n’émettent pas de gaz à effet de serre, devrait être évident. Sauf qu’il faut s’interroger sur l’origine de l’électricité utilisée par le véhicule. Si celle-ci est issue d’une production solaire hydraulique ou éolienne, le bilan sera dans ce cas en faveur de la voiture électrique malgré la production de la batterie, et ce à condition que durant toute sa vie, la voiture roule au moins 50’000km. En revanche, si elle est alimentée par de l’électricité produite par la combustion de charbon, le bilan sera même pire que celui de la voiture thermique.

En Suisse, en termes d’émissions de CO2, le mix électrique est plutôt bon (60% hydraulique, 40% nucléaire), la voiture électrique peut donc être intéressante, même si la question du devenir des déchets nucléaires est très loin d’être résolue. Le problème, c’est que les réseaux européens étant interconnectés, il risque bien de vous arriver de recharger votre voiture avec de l’électricité... provenant de pays qui ont recours au charbon. «Pour être sûr de l’origine de son électricité, mieux vaut installer des panneaux solaires ou acheter de l’électricité renouvelable auprès de son distributeur d’électricité», explique Denis Bochatay, conseiller en durabilité chez Quantis, un cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement d’entreprises afin de gérer les impacts environnementaux de leurs activités.

Impact sur la santé

En termes de santé, le résultat est indiscutablement en faveur de la voiture électrique, sans la moindre hésitation. Dépourvue de pot d’échappement, celle-ci ne libère pas de gaz polluants là où elles roulent, c’est-à-dire là où se concentrent les populations, un grand avantage dans nos cités européennes déjà largement polluées.

Et l’avenir?

L’automobile électrique relève de technologies et de circuits industriels encore très jeunes. C’est dire si son potentiel d’amélioration est grand pour les décennies à venir. Les conditions de production des batteries sont appelées à largement s’améliorer tandis que des filières de recyclage performantes devraient progressivement se mettre en place. Ceci alors que les conditions de production d’électricité propre d’origine renouvelable iront encore en s’améliorant. De quoi favoriser la mobilité verte? L’avenir le dira…