Concurrence salariale

«Les premiers signaux du nouveau titulaire inquiètent»

Pascal Décaillet

EMPLOI • La rivalité entre Lausanne et Genève est historique et bon enfant, le plus souvent. Sur de nombreux points, aucune des deux n’en sort gagnante pour autant que l’on fasse preuve d’un peu de bonne foi. Sur le plan économique en revanche, le bout du lac (Léman) a pris une belle longueur d’avance sur la capitale olympique concernant l’attractivité des frontaliers. Cela a toujours été le cas, mais le fossé s’est aujourd’hui creusé en raison de l’introduction du salaire minimum.

Appliqué fin 2020 dans le canton de Genève, il a pour conséquence de tarir le marché de l’emploi vaudois, en particulier dans des secteurs qui manquent cruellement de main-d’œuvre comme l’hôtellerie-restauration ou les soins à la personne. Un contraste saisissant m’a été rapporté par une entrepreneure possédant des dizaines d’enseignes dans toute la Suisse. Elle constate une chute spectaculaire des candidatures reçues dans ses établissements vaudois, et un bond phénoménal pour celles déposées dans ses adresses genevoises.

Dans son domaine plus qu’ailleurs, les diplômes professionnels ont pris une importance capitale à Genève. Ils sont devenus le sésame absolu pour espérer gagner plus que le minimum légal. Mais ces papiers ne correspondent plus forcément à un besoin sur le marché du travail. Et de m’illustrer la situation ainsi : «C’est comme si, pour améliorer son salaire, un chauffeur de taxi passait son permis poids lourd sans jamais prévoir d’en conduire un.» Ubuesque.