On a souvent vu, dans l’histoire judiciaire, des suicides maquillés en accident pour faire payer les assurances. Mais provoquer son propre assassinat pour rembourser ses dettes relève d’un certain machiavélisme.
C’est toutefois le plan mis sur pied dans les années quatre-vingt par un comptable genevois d’origine alémanique. Et il a fait les choses en grand, puisqu’il a engagé pour commettre l’acte fatal un vrai gangster des années soixante au casier bien rempli et connu des services de police. De quoi rendre son histoire crédible.
Ligoté sur un lit
C’est ainsi que l’homme d’affaires fut retrouvé au matin du 13 octobre 1988, ligoté sur un lit d’un hôtel de Saanen (Oberland bernois), victime d’une surdose d’héroïne. Ecrasé par les dettes, il avait tout organisé pour que les assurances-vie mettent ses comptes à niveau. Il avait même prévu de dénoncer son meurtrier pour assurer ses arrières.
Mais, un grain de sable est venu bloquer l’engrenage, déclenchant une des plus étonnantes affaires de meurtre à la demande de la victime que notre pays a connu. Le flair de l’ancien voyou a déjoué les plans et fait tomber un à un les dominos de l’entourage du mort, parmi lesquels un banquier et la veuve de la victime. Pas moins de cinq accusés se retrouvent ainsi devant la Cour d’assises de Genève, au mois de décembre 1991, épaulés par la crème du barreau et sous le feu des projecteurs. C’est finalement le mort qui fait figure d’accusé, d’un bout à l’autre de la procédure…