Le PDC restera-t-il fidèle à la droite?

PRÉSIDENCE DU PARTI • Pas question d’alliance avec l’UDC et le MCG. Première déclaration du nouveau président du PDC. Fallait-il à tout prix inaugurer son règne par une exclusion?

  • Sébastien Desfayes, une personnalité forte qui va marquer Genève. DR

    Sébastien Desfayes, une personnalité forte qui va marquer Genève. DR

«L’ancrage historique du PDC dans de nombreuses communes demeure important»

Pascal Décaillet

Le PDC genevois a un nouveau président. Autant le dire tout de suite: Sébastien Desfayes, 42 ans, avocat, juge suppléant au Tribunal civil, frappe par son autorité, sa connaissance de l’Histoire, son ancrage dans les fondements philosophiques de sa famille politique. Une personnalité forte, qui va marquer Genève. Obtiendra-t-il pour autant les succès électoraux de son prédécesseur, Béatrice Hirsch, sous la présidence de laquelle furent conquis le siège PDC à la Ville (Guillaume Barazzone) et le deuxième siège au Conseil d’Etat (Serge Dal Busco, Luc Barthassat)? Pour l’heure, nul ne peut le prévoir. Mais une chose est sûre: le nouveau venu est attendu au tournant des Municipales, au printemps 2015. Des élections complexes, où il faudra jouer commune par commune: notre canton en compte 45! Autre échéance majeure: les élections fédérales d’octobre 2015. Sur 13 parlementaires genevois aux Chambres fédérales (11 au National, 2 aux Etats), le PDC occupe un siège, au National.

Ancrage historique

Le PDC est un petit parti au Grand Conseil, mais son ancrage historique dans de nombreuses communes demeure important. Il y a comme un socle, inaltérable. Faire élire les siens dans les Conseils municipaux ou les législatifs des communes, et définir la stratégie cantonale du parti, voire son rôle aux Chambres fédérales, est un véritable casse-tête, pour la simple raison que les enjeux ne sont pas les mêmes. C’est dans la confusion de toutes ces batailles à mener que sont intervenus les tout premiers propos du nouveau président: un rejet d’emblée de toute alliance avec l’UDC ou le MCG. Extase dans l’aile chrétienne sociale du parti. Nettement moins chez les alliés de droite, toujours apeurés à l’idée que ce preux compagnon, aux instincts trempés dans l’eau tiède des bénitiers, leur fausse compagnie.

Déclaration liminaire

Dimanche 23 mars, au Grand Genève à chaud, sur Léman Bleu, Sébastien Desfayes précisait sa position. Pas d’alliance électorale, pour les scrutins municipaux du printemps ou nationaux de l’automne, mais votes communs au Grand Conseil, secteur par secteur, lorsque les tactiques majoritaires s’y prêtent. La clarification n’était pas de trop. Reste le signal donné – assurément un peu vite – par cette exclusion de toute alliance. Tactiquement, c’est une erreur: la politique est un tissu vivant, protéiforme: comme en amour, on n’y sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. Jamais François Mitterrand, qui connaissait par cœur la carte de toutes les circonscriptions de France, ne se serait aventuré à une telle déclaration liminaire, de nature à lier son auteur.

Grande famille

Et puis, le PDC a des alliés. Au PLR, l’anathème de départ jeté par le nouveau patron du PDC n’a pas plu à tous. Le jour venu, à bien des niveaux, on sera peut-être content de l’appui des Gueux. Fallait-il absolument se compliquer la vie avec une excommunication d’office? Surtout, le PDC appartient à une grande famille, celle de la droite. Il en incarne le visage social, et c’est tant mieux. Mais philosophiquement, ontologiquement, il est de la droite. Alors, oui, certains, dans les partis alliés ou cousins, eussent préféré un missile de baptême dirigé vers la gauche que contre la famille elle-même. Difficile, franchement, de leur donner totalement tort.