L’errance du Conseil d’Etat

SECRET MÉDICAL • En décidant, le 19 mars, de lever le secret médical en prison, le Conseil d’Etat a pris une décision aventureuse, hors de tous les chemins de notre Etat de droit, inquiétante quant à sa connaissance de la matière. Nous savons d’ailleurs qu’au matin même de l’annonce de la mesure, le gouvernement était divisé. Il n’est pas certain que le ministre de la Santé, certes parfaitement collégial le soir même devant nos caméras, soit le premier convaincu par la mesure.

Le secret médical fait partie intégrante de l’éthique des médecins. Il est un gage de la confiance entre le patient et celui qui le soigne. Aucun climat sécuritaire, même pas celui entretenu par M. Maudet, ne permet à un exécutif, d’un revers de la main, de le balayer. La profession médicale a ses règles: il n’est pas question qu’un gouvernement cantonal vienne les bafouer.

Cela, il appartient aux instances médicales de le dire, avec véhémence et conviction. Mais il faudra qu’elles soient inébranlables, parce que l’opinion publique, elle, soutiendra le Conseil d’Etat. Les gens, aujourd’hui, ne veulent plus entendre parler du moindre droit pour les détenus. C’est une immense erreur: une personne emprisonnée doit certes régler sa dette avec la société. Mais elle est un être humain. Avec des droits. Quoi qu’en pense le ministre de l’ultra-sécurité.

(Lire également l’édito en Une)