Anne Emery-Torracinta est intègre et courageuse

ÉLECTIONS • La Blitzkrieg qui s’abat sur la magistrate applique les lois de la guerre. Il faut en être conscient. Et ne pas se montrer dupe de toute la part de récupération politique, derrière les «affaires».

  • Anne Emery-Torracinta, cheffe du Département de l’instruction publique, attaquée à quatre semaines des élections. Un hasard? DAVID WAGNIèRES

    Anne Emery-Torracinta, cheffe du Département de l’instruction publique, attaquée à quatre semaines des élections. Un hasard? DAVID WAGNIèRES

C’est toujours comme ça, une campagne électorale: ça commence prudemment, sans trop de bruit, avec des adversaires qui s’observent et s’épient, en affûtant leurs armes. C’est ce qu’on appelle la «drôle de guerre», comme entre la France et l’Allemagne, entre le 1er septembre 1939 et le 9 mai 1940. Et puis voilà, il faut bien qu’il y ait un 10 mai. Cela change de nom, cela s’appelle la Blitzkrieg, l’offensive-éclair. Elle est violente, massive, dévastatrice. Et surtout surprenante. Evidemment! On ne va tout de même pas envoyer un bristol à l’ennemi pour lui faire savoir, deux jours avant, qu’on va attaquer ses positions.

Pour les élections, on parle de «campagne»: le mot est parfaitement juste, les lois appliquées y sont celles de la guerre. Pour saisir ce qui s’y passe, il faut connaître les grilles de lecture de la guerre, pas celles de la morale. Naïfs et bonnes âmes, s’abstenir.

Engagement

Cheffe du Département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP) depuis quatre ans et demi, la socialiste Anne Emery-Torracinta est une femme réputée pour son intégrité, sa rigueur, son courage. On partage ou non ses options pédagogiques, par exemple son obsession pour «l’école inclusive», mais nul, dans la République, ne peut lui contester ses qualités d’honnêteté, ni la ténacité de son engagement, pendant toute sa vie, en faveur de l’Ecole genevoise. D’abord, comme professeure d’histoire, très appréciée. Puis, comme députée. Puis, comme magistrate.

Crise mal gérée

Sans doute a-t-elle commis des erreurs. Sous le feu des attaques, elle a mal communiqué, mal géré la crise. Mais ces nervosités ne doivent aucunement nous faire oublier qu’elle a dirigé correctement, dans les grandes lignes, un département très difficile, avec toujours un souci d’Etat, et des priorités républicaines. Je demande aux citoyennes et citoyens qui voteront, le 15 avril, de la juger, dans le sens qu’ils voudront, sur ces choses-là, qui sont simplement l’essentiel. Et non sur les seuls échos de la Blitzkrieg que d’aucuns, comme par hasard à quatre semaines des élections, ont jugé bon de lancer sur elle.

Bien sûr, les affaires évoquées, impliquant des relations entre profs et élèves, sont importantes. Et doivent être instruites. Pas question, ici, de nier cela. Mais pas question, non plus, de pousser la candeur jusqu’à ne pas voir la prodigieuse aubaine que constituent ces affaires, datant d’ailleurs d’époques antérieures, pour les adversaires politiques d’Anne Emery-Torracinta. Nous sommes en période électorale! Donc, en campagne. Donc, langage et codes de la guerre. Donc, intox permanente. Donc, avantage à celui qui maîtrise la communication. C’est cela, la Blitzkrieg. Cela qui se passe, avec la récupération éhontée, et tellement providentielle, d’affaires judiciaires en cours, pour avoir la peau d’une magistrate honorable et compétente. Une ministre à qui, pour ma part, malgré mon goût relativement limité pour l’école inclusive, j’accorde ma gratitude et ma confiance.