Ces milliards pour les retraites, qui va les payer?

VOTATIONS 19 MAI • C’est fait: le peuple genevois accepte de débloquer des milliards de francs pour renflouer la Caisse de pension des fonctionnaires. Les contribuables paieront, à commencer par ceux qui travaillent!

  • Les contribuables passeront à la caisse pour les retraites des fonctionnaires. 123RF/PIOTR PAWINSKI

    Les contribuables passeront à la caisse pour les retraites des fonctionnaires. 123RF/PIOTR PAWINSKI

Un chèque en blanc. C’est ce que le peuple genevois a décidé de signer, ce dimanche 19 mai, pour les retraites des fonctionnaires du canton. Le seul choix qu’on lui proposait était de trancher entre les milliards de la droite et du Conseil d’Etat, et ceux de la gauche et du MCG. Comme le parlement, il a dit oui aux deux. Et, dans la petite croix de la question subsidiaire (lequel préférez-vous si les deux passent?), il a opté pour la seconde solution.

Dont acte. Nous sommes des démocrates, nous respectons les décisions populaires. Mais nous sommes aussi des hommes et des femmes libres, avec un esprit indépendant, un cœur ardent, et une farouche révolte contre toute espèce de censure dans la formulation de nos questions. En voici une, toute simple: ces milliards, qui va les payer, où les trouverons-nous?

«Recapitalisation»

A cette question, c’est terrible à dire, mais la classe politique d’aujourd’hui n’a pas la réponse. Dans le débat du parlement, qui s’est terminé par un non-lieu (l’acceptation de deux lois parfaitement contradictoires), personne n’était capable de garantir les conditions exactes du financement de ce qu’on appelle pudiquement «recapitalisation», entendez faire passer à la caisse le contribuable, pour les retraites des fonctionnaires. On nous a sorti des calendriers de paiement, dans les années et les décennies futures, à coups de centaines de millions cumulés, en sachant fort bien que ces sommes colossales, dans l’état actuel de nos finances et de notre endettement, nous n’en disposons tout simplement pas.

Alors, qui va payer? La réponse est simple: le contribuable, bien entendu! Donc, vous et moi. Et dans les contribuables, au premier rang du front, la si tendre chair à canon de la classe moyenne qui travaille. Oui, celle-là même dont nous vous parlions ici, la semaine dernière (GHI du 16.5.2019). Pas les assistés! Pas les nababs! Non, tous ceux, entre ces deux couches, qui se lèvent pour aller bosser, parfois durement, gagnent un peu d’argent (c’est la moindre des choses), bossent encore un plus pour en gagner davantage, et finalement sont ponctionnés, de façon inconsidérée, sur leur boulot. Sur la sueur de leur front! Et c’est cela qui ne va plus. Et c’est là que gisent les germes des révoltes de demain.

La marmite risque d’exploser

Exemple: les petits entrepreneurs, les indépendants. Ils bossent dur comme fer. Ils sont en souci toute l’année pour leur boîte. Ils ont peur de tomber malades. Ils vérifient trois fois, en partant, si la porte de leur local de travail est fermée. Ils ont investi, sur leurs fonds propres, dans des locaux, du matériel. Ils n’ont nulle garantie de pouvoir garder leurs mandats. Ils ne savent pas de quoi demain sera fait. Seuls, ils financent intégralement – et non paritairement – leurs retraites. Les taxes, les impôts, les charges, ils ne connaissent que cela. Et maintenant, comme contribuables, ils devront encore davantage financer les retraites des fonctionnaires. Moi je dis attention: il y a un moment où la marmite va exploser. Ici, nous vous aurons au moins avertis.