Chemin de mémoire

  • Pascal Décaillet. dr

    Pascal Décaillet. dr

La Grande Guerre, entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918, a été pour de nombreux pays d’Europe, à commencer par la France, un traumatisme abominable: une moyenne de mille morts par jour, pendant quatre ans. Toutes les familles du pays, d’une manière ou d’une autre, ont été touchées. La fine fleur de la jeunesse, fauchée. La mort, omniprésente. La saignée démographique, irrécupérable.

De façon digne, le président Emmanuel Macron a consacré une semaine entière à un chemin de mémoire, à travers les ossuaires et cimetières politiques du pays. Il a, globalement, dit des choses justes et simples. Il a été à la hauteur de sa fonction.

Le 11 novembre, à Paris, tous célébraient la paix retrouvée. Encore faut-il se souvenir qu’en un siècle, de l’Armistice de 1918 à aujourd’hui, la guerre et le tragique de l’histoire furent partout. Ne serait-ce que vingt et un ans plus tard déjà, la Seconde Guerre mondiale.

La guerre est une composante de l’histoire humaine. Les mêmes qui, dans la chaleur retrouvée d’un acte de mémoire, s’embrassent et se congratulent, peuvent parfaitement, un autre jour, en revenir au choix des armes. Rappelez-vous 1919, le Traité de Versailles, avec ses colossales erreurs: on disait «Plus jamais ça», on semait déjà les germes de la guerre future.

Ainsi va l’histoire: elle ne progresse pas vers le ciel. Elle se déplace comme un crabe, hésitant, paradoxal. Elle est tragique, comme l’immanente noirceur de la nature humaine.