Classe moyenne: arrêter le massacre!

Ponctions sur les salaires ou les revenus, primes maladie, loyers, frais de déplacement, impôts: la classe moyenne genevoise voit son argent passer, et ne peut mettre un seul centime de côté. Ce scandale doit cesser.

  • Il ne reste souvent pas grand-chose au fond du porte-monnaie des travailleurs de la classe moyenne. 123RF/BARTOLOMIEJ PIETRZYK

    Il ne reste souvent pas grand-chose au fond du porte-monnaie des travailleurs de la classe moyenne. 123RF/BARTOLOMIEJ PIETRZYK

Les Genevois travaillent, ils gagnent de l’argent, mais, au final, n’en voient pas beaucoup la couleur! A Genève, où la classe moyenne est tondue comme un mouton, la distorsion entre salaire brut (pour les employés) ou chiffre d’affaires (pour les indépendants, les petits entrepreneurs) et, d’autre part, le salaire ou revenu net est déjà particulièrement criante. Elle l’est encore plus entre l’argent qu’on finit quand même par recevoir, toutes ponctions opérées, et ce qu’on appelle le pouvoir d’achat, entendez ce qui reste de sonnant et trébuchant pour s’acheter à manger, se déplacer, se vêtir, accéder au concert, au cinéma ou au théâtre, se procurer quelques livres, se promener, voyager, pratiquer ses loisirs. Entre le salaire brut, qui parfois paraît fort confortable par rapport à d’autres cantons, et le pouvoir d’achat, il y a, à Genève, pour la classe moyenne, un précipice.

Prélèvements, assurances, factures...

Prenez le salaire net. On vous a déjà prélevé l’AVS, le deuxième pilier, les assurances sociales, vous vous sentez déjà plus léger. Mais votre diète ne fait que commencer. Avec ce qui vous reste, il va vous falloir entretenir votre famille, payer votre loyer, les charges, les opérateurs téléphoniques parmi les plus onéreux d’Europe, des primes maladie étouffantes, et satisfaire à l’une des pressions fiscales les plus gourmandes de Suisse. A la fin des fins, il vous restera de quoi vous acheter quelques cacahuètes, ou si vous préférez des bretzels.

La classe moyenne, c’est la masse des gens qui, entre les assistés et les nababs, ont certes la chance d’avoir un travail, parfois bien rémunéré, se donnent à fond pour ce boulot, pour leur employeur (s’ils sont salariés) ou pour leur petite entreprise (s’ils sont indépendants), ne comptent ni les jours ni les heures, participent largement à la prospérité générale, aiment leur vie, leur job, sont heureux de fournir l’effort, fiers de ce qu’ils apportent, mais n’arrivent pas, à la fin du mois, à mettre un seul centime de côté.

Grande trouille

Alors, de plus en plus, ils ont peur, souvent secrètement. Leurs futures retraites, ils les voient fondre. Les taux négatifs leur flanquent la trouille. Et ils n’ont strictement aucun droit, eux, contrairement à d’autres, à la moindre aide, la moindre subvention. C’est cela, la classe moyenne: des gens bosseurs, des gens honnêtes, ils aiment le travail bien fait, mais ils sont rivés comme des serfs à leur condition, parce que l’Etat avec ses impôts, les assureurs avec leurs primes, leur prennent tout.

Priorité numéro une

Cette situation ne peut plus durer. La classe politique genevoise, tous partis confondus, doit placer les questions du pouvoir d’achat et de la classe moyenne au cœur de ses préoccupations. Un peu de respect, SVP, pour les gens qui travaillent dur, toute leur vie, et ne peuvent profiter du fruit de leur labeur. L’Etat doit se montrer moins glouton, et réduire son train de vie. Quant aux primes maladie, préoccupation numéro un des Suisses, il en va de la dignité du politique de trouver une solution à cet absolu scandale.