Combien de zéros derrière ces affiches électorales?

En Suisse, on vote quatre fois par an. Les murs se tapissent de slogans et images divers. Pour convaincre, la stratégie n’est pas seulement d’envahir l’espace public, mais de dominer le débat. Au-delà des papillons ou des annonces publicitaires, il s’agit de donner de la matière aux médias, mobiliser dans la rue, coloniser Internet, tout un programme auquel n’a pas accès chaque groupement citoyen. Pourtant, personne ne connaît les sommes qui sont investies dans les campagnes. Cela ne fait pas partie des éléments dont disposent ceux qui glisseront leur bulletin dans l’urne et c’est clairement une rupture de confiance entre le votant et le politique.

La Suisse, mauvaise élève malgré sa démocratie presque parfaite, se fait remettre à l’ordre régulièrement par le Groupe d’Etats contre la corruption, comme seul pays européen à ne pas avoir de règles sur le financement de la politique. Paradoxe: c’est au parlement de combler cette lacune, mais les politiciens qui y siègent sont les premiers concernés. Alors on voit une commission parlementaire proposer de rendre transparents les dons dès… 25’000 francs! Autant dire que presque rien n’apparaîtra. Le parlement refuse de se réguler: l’initiative populaire est nécessaire.