Commedia dell'arte

Ce qui vient de se passer dans la politique italienne constitue une extraordinaire leçon sur les nations du Vieux continent, leur rapport à l’Union européenne, et surtout l’idéologie dominante dans nos rédactions, y compris en Suisse romande.

Pour résumer, aux dernières élections, les partis «anti-système», Lega et Mouvement 5 étoiles, ont réuni de quoi faire une majorité, donc avoir un président du Conseil. Le président de la République, Sergio Mattarella, était prêt à nommer Giuseppe Conte, présenté par ces partis. Sauf qu’il se refusait à donner le portefeuille de l’Economie et des Finances à Paolo Savona, réputé eurosceptique.

Le chef de l’Etat avait évidemment tort. Son rôle présidentiel, ainsi le stipule la Constitution italienne de l’après-guerre, doit être d’écouter le message du peuple, aux élections. Il a d’ailleurs fini, dans un deuxième temps (ayant analysé l’impasse de sa position) par laisser Giuseppe Conte former son gouvernement. Simplement, l’eurosceptique, Paolo Savona, sera aux… Affaires européennes!

Le plus fou, dans l’histoire, au-delà de la part de Commedia dell’Arte, a été de lire les éditos et commentaires de nos puissants penseurs pour sanctifier, au nom de la morale, la position première du président de la République. Ne pas froisser Bruxelles était, à leurs yeux, plus important que d’appliquer la volonté souveraine du peuple italien. Toujours les mêmes arguments! Toujours la même cécité à ce retour des peuples qui semble totalement leur échapper, au nom de leur idéologie supracontinentale. En un mot, désespérant.