COMMENTAIRE - La vie devant soi

  • Pascal Décaillet.

    Pascal Décaillet, journaliste indépendant genevois, producteur et animateur d'émissions de télévision. DR

Pierre Maudet, pour accéder au Conseil fédéral, a fait une campagne d’enfer. Une vraie Blitzkrieg, professionnelle, pensée, avec état-major atteignable à toute heure, adaptation aux aspérités du terrain, maîtrise de la communication. A bien des égards, il a fait tout juste. Au final, il n’a certes pas gagné, mais il peut rentrer dans son canton la tête haute. Dans toute cette affaire, il a eu le courage d’essayer, se mouiller, prendre des risques: exactement ce qu’on attend d’un homme d’action.

Les raisons de la défaite? Elles sont multiples! Comme au début du Manuel d’Epictète, philosophe du début de notre ère, il y a celles qui ne dépendaient pas de lui (l’impérieuse nécessité d’un retour du Tessin), et celles sur lesquelles il pouvait avoir prise. Seules les secondes pourraient intéresser l’auteur d’un éventuel débriefing. Assurément, la manière dont il a longtemps traité l’UDC (lire ci-contre) a pu jouer un rôle.

Mais ne refaisons pas l’Histoire. Cet homme brillant, d’une rare énergie, amoureux de l’Etat, est de retour parmi nous. Genève ne peut que s’en féliciter. «Soit je gagne, soit j’apprends», aime-t-il à citer (Mandela), fort bien, là il aura appris. A lui de prendre du recul, respirer, laisser passer un peu de temps, encaisser toute cette aventure, et surtout continuer de servir la chose publique. A 39 ans, on a la vie devant soi. Tant d’énergie, au service de Genève: qui s’en plaindra?