COMMENTAIRE : Orgues de Staline

Tirer à boulets rouges sur le conseiller d’Etat Mauro Poggia. Telle est, depuis quelques jours, l’occupation principale au PLR. Démolir le bilan du magistrat, principalement à la Santé, mais aussi dans l’Action sociale. Il aurait fait tout faux, se serait montré incapable de lutter contre la hausse des primes maladie, aurait éhontément favorisé les HUG, au détriment des cliniques privées.

A ces missiles, répétés comme des orgues de Staline, une seule clef de lecture, bien sûr: l’approche des élections. Quelques caciques, au PLR, un matin autour d’un café, tiens un vendredi par exemple, ou le soir autour d’un bon cigare, ont dû, dans la géométrique puissance de leurs cogitations, percevoir le ministre MCG comme un maillon faible, donc allez on l’attaque, on met le paquet.

Je veux bien. Et c’est de bonne guerre. Mais c’est mal amené, beaucoup trop visible, repérable comme un troupeau d’éléphants à l’entrée d’une loge de théâtre. Il y a sans doute plein de choses à dire sur le bilan de M. Poggia, comme par exemple sur ceux de MM Longchamp ou Maudet. Mais enfin, on permettra au profane que je suis, ne suivant que de très loin la politique genevoise, de voir en ce magistrat un homme compétent, intelligent, avec du sens politique, une rare capacité de travail. Et l’ambition, dans le domaine de la Santé, de placer l’Etat au-dessus des intérêts privés.

Quant au PLR, un esprit chagrin pourrait lui reprocher de trottiner un peu servilement derrière le lobby des cliniques privées. Voyez, à ce petit jeu, tout peut se retourner. La vie politique, décidément, n’est pas toujours facile.