COMMENTAIRE : Trois fois sainte

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

En reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël, Donald Trump commet une erreur majeure. Quelles que soient ses intentions, immédiates ou lointaines, il ouvre au Proche-Orient la possibilité d’un nouveau brasier. Le cas échéant, devant l’Histoire, il devra en assumer la responsabilité.

Jérusalem! Je m’y suis rendu trois fois, et chaque fois ce fut l’éblouissement. Ville trois fois sainte! Pour les juifs, avec le Mur des lamentations, et le souvenir du Temple. Pour les chrétiens, le Saint-Sépulcre, réputé «tombeau du Christ». Pour les musulmans, la mosquée Al-Aqsa, l’un des quatre lieux saints de l’islam. Je l’affirme ici: chacune de ces trois grandes religions, qui confluent vers Jérusalem, doit être respectée.

Une erreur majeure, parce que cette décision fait pencher tous les gages du même côté, va révolter le monde arabe, sème le feu dans une région qui a tant besoin d’écoute, d’intelligence et de paix. La seule solution viable, au Proche-Orient, c’est l’existence d’un Etat d’Israël ET, à côté de lui, d’un Etat palestinien. Ce jour-là, pourquoi pas Jérusalem-Ouest capitale du premier, Jérusalem-Est capitale du second.

Mais pas maintenant. Pas comme ça. Pas en humiliant le monde arabe. Je suis, pour ma part, un ami d’Israël ET un ami des Palestiniens. A chacun de mes déplacements, là-bas, j’ai pu mesurer la qualité d’estime que les deux parties en conflit éprouvaient pour la Suisse, parce que ce pays ouvre les horizons du dialogue. Là où la première puissance du monde, hélas, vient de les fermer.