Commentaire - Vaisseau fantôme

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

Le Grand Théâtre est l’une de nos plus prestigieuses institutions culturelles, à Genève. Elle porte en elle l’Histoire, la tradition de l’art lyrique, mais aussi sa perpétuelle réinvention, au fil des interprétations et des mises en scène. C’est une maison dont les prestations, au fil des ans, n’ont pas à rougir, en comparaison internationale. Les Genevois, même ceux qui n’y vont pas, y sont attachés.

Alors, le Grand Théâtre doit-il continuer de dépendre de la Ville de Genève? Doit-il passer entièrement à l’Etat? Doit-il avoir une gouvernance bicéphale? La question, pour les fous d’opéras, n’est au fond pas très importante, l’essentiel étant la qualité de l’acte artistique. Tenez. Ces jours, du 16 juin au 1er juillet, il y aura l’immortelle Norma, de Bellini (1831), dirigée par John Fiore, avec l’impressionnante Alexandra Deshorties, dans le rôle-titre. Oui, ce qui compte, pour le public, c’est cela.

Pour autant, la question du financement de tutelle n’est pas un détail. Elle est complexe, objet d’une partie de poker menteur, chacun se jaugeant en chiens de faïence. Et pour l’heure, rien n’est réglé. Le retrait, par la Commission des finances du Grand Conseil, des 3 millions d’une subvention cantonale historiquement toute récente, n’est qu’une étape dans ce bras de fer. Puisse l’affaire s’éclaircir! Et surtout, que les règlements de comptes politiques ne se fassent pas au détriment de l’essentiel: le bonheur d’avoir à Genève un savoir-faire de cette qualité dans le domaine de l’art lyrique.