Conseil d’Etat: le courage serait de démissionner en bloc!

Aucune vision d’ensemble, aucune cohérence, juste la juxtaposition de sept personnages en quête de hauteur. Sans compter les bisbilles et divisions internes. Triste septuor, au plus haut niveau de l’Etat!

  • Le gouvernement genevois dysfonctionne en tant que collège. STéPHANE CHOLLET

    Le gouvernement genevois dysfonctionne en tant que collège. STÉPHANE CHOLLET

Le Conseil d’Etat genevois dysfonctionne. Non dans la gestion individuelle, par chaque magistrat, des sept départements. Mais en tant que collège. D’abord, parce qu’il ne dégage aucune priorité, aucune lisibilité. Ensuite, parce que la zizanie interne règne sur des questions aussi majeures que le choix du budget ou la fiscalité des classes moyennes. Mais encore, parce que les bisbilles s’étalent sur la place publique. Enfin, et c’est sans doute là le point le plus douloureux, parce qu’il n’émane de ce septuor aucune dynamique d’ensemble, aucune forme de bonheur à gouverner ensemble.

Discorde et dissensions

En clair, cet attelage gouvernemental, quelles que soient les qualités intrinsèques des uns ou des autres, est un échec. Il n’émane de lui que discorde et dissensions. Sa capacité d’action, son crédit politique ne sont absolument plus suffisants pour qu’il fasse bouger la République, à une époque, hélas, où cette dernière en a tant besoin.

«Etre dans un gouvernement, me disait un jour de décembre 2003, dans le train Berne-Genève, un ancien conseiller d’Etat radical aussi lucide et brillant que vipérin, c’est coexister avec six personnes que l’on déteste, sans jamais avoir le droit de le montrer.» Eh bien disons qu’avec le gouvernement genevois actuel, seize ans après la parole de Cassandre de l’ancien magistrat, les choses sont au moins claires: on se déteste, et on le montre! On l’a vu, à la rentrée, avec les règlements de comptes, par presse interposée, entre l’actuel président du Conseil d’Etat, Antonio Hodgers, et son prédécesseur, Pierre Maudet. On l’a vu, le 21 septembre, avec un rapport de minorité de Pierre Maudet sur le budget. On l’a vu, le lundi 23 septembre, avec la révélation de la mise en minorité, annoncée par l’Agence Decaprod, de la ministre des Finances, Nathalie Fontanet, à six contre un, lors de la fameuse décision du Conseil d’Etat, si controversée, fin août, sur la hausse d’impôts (finalement rejetée par le parlement).

Cacophonie

Dans cette cacophonie, les trois ministres de gauche n’ont rien à se reprocher. Ils tentent, au maximum, d’infléchir l’action gouvernementale dans le sens de leur philosophie politique, c’est de bonne guerre. Le ministre MCG, Mauro Poggia, compétent et travailleur, fait également son boulot. Au sein de l’Entente, Nathalie Fontanet se montre loyale à ses engagements, c’est tout à son honneur. Tous au plus pouvons-nous nous interroger sur la ductilité idéologique du ministre de la Mobilité, Serge Dal Busco, qui semble franchement être passé dans le camp de la gauche. Et surtout, à quel jeu joue Pierre Maudet? Cet homme d’instinct semble préparer un grand coup. Mais pour aller où? Avec quels soutiens?

Faiblesse de l’attelage

Dans de telles conditions de paralysie politique, le courage serait de démissionner en bloc. Libre à chacun de se représenter. Le peuple trancherait. Bien évidemment, cela ne se produira pas. Chacun tentera au mieux de gérer son département, le nez dans le guidon. Et la faiblesse de l’attelage perdurera, jusqu’au printemps 2023. Ainsi va la politique. Excellente semaine à tous !