Elections cantonales: osez les nouvelles listes!

GRAND CONSEIL • Rien de plus détestable que de ricaner face aux nouvelles listes, sous prétexte qu’elles ne font pas encore partie des installés. Tout au contraire, saluons le courage de celles et ceux qui osent se lancer!

  • Les affiches des nouvelles listes vont bientôt garnir les panneaux électoraux. F. HALLER

    Les affiches des nouvelles listes vont bientôt garnir les panneaux électoraux. F. HALLER

Le dimanche 15 avril, le corps électoral genevois renouvellera, pour cinq ans, le Grand Conseil. Il s’agit du législatif de notre Canton, il compte 100 députés, qui font les lois, mais aussi doivent contrôler l’action du gouvernement et de l’administration. Dans un pays comme la Suisse, où les parlements sont importants, ça n’est pas rien d’être un élu. Il y en a de bons, de moins bons, des actifs et des passifs, des calmes et des rugissants, ils sont le reflet de ce que nous sommes. Apparemment, ce job fait envie: à ce jour, le Service des votations compte 621 candidats (un record) sur 13 listes. Les sept partis déjà représentés au Grand Conseil, et six autres, dont certains parfaitement nouveaux. C’est de ces derniers que j’entends vous entretenir ici.

Sang neuf

En commençant par une chose: rien de plus détestable que de ricaner face aux nouveaux. Une élection est une mise à zéro des compteurs, les citoyennes et citoyens votent pour qui ils veulent. S’ils entendent reconduire les sortants, c’est leur droit. S’ils veulent du sang nouveau, libre à eux. La plupart d’entre nous panachent: ils reconduisent les députés qui leur semblent le mériter, dégagent les paresseux, et mélangent tout ce beau monde avec une dose de nouveaux. Parce qu’on en prend pour cinq ans, et qu’il n’y a aucune raison d’envoyer toujours les mêmes pour nous représenter. Aucune, non plus, de maintenir pour l’éternité les partis sortants. Pour ma part, toutes formations confondues, je choisis soigneusement et sévèrement les gens pour qui je vote, sans hasard ni blanc-seing.

Parole aux nouveaux candidats

Comme vous le savez, en plus de mes émissions habituelles, je me livre à six minutes d’interview face à 104 candidats (8 par liste). Cela s’appelle Visages de Campagne, c’est une immense opération citoyenne de Léman Bleu. Je suis très fier d’y participer et cela me permet d’approcher en profondeur la sociologie des candidats, de tous bords. Eh bien croyez-moi, je suis impressionné par l’enthousiasme civique des nouvelles listes. Que ce soit La Liste pour Genève, républicaine, défendant la laïcité, ou encore La Liste, avec uniquement des femmes, ou encore GEM, le PBD, les Verts libéraux, ou même Egalité Equité, chacune de ces nouvelles formations mérite notre respect et notre attention. Ricaner, sous le seul prétexte qu’elles «n’y arriveront jamais», à cause du quorum (7%), et finalement se contenter des valeurs sûres, issues de partis hérités du XIXe siècle, c’est ne rien comprendre à l’essence même du renouvellement démocratique.

Accorder sa confiance

Car enfin, les libéraux ont bien commencé un jour, avec Benjamin Constant. Les radicaux, avec James Fazy. Les socialistes, avec la Révolution industrielle. La démocratie chrétienne, avec Léon XIII, le père de la Doctrine sociale de l’Eglise. Etc. Donc, il a bien fallu, un jour, que des citoyennes et des citoyens, parmi nos ancêtres, décident de rompre avec le train-train des installés. Et d’accorder leur confiance à des nouveaux. Choisissez en conscience. Et surtout, mes félicitations aux 621 qui osent l’aventure de se porter candidats.