Genève, Canton suisse!

  • Pascal Décaillet. dr

    Pascal Décaillet. dr

L’extrême proximité de la France, pays ami que nous adorons visiter, et qui a influencé nos institutions entre 1798 et 1813, donne parfois l’impression que Genève, déjà si française en apparence, ne serait pas un canton suisse comme un autre. Rien n’est plus faux. Un épisode récent le montre avec éclat: la crise des «gilets jaunes».

Les «gilets jaunes», c’est la rue. La rue qui vocifère. Les Français en sont conscients, ils voient la limite de ces jacqueries éruptives, et rêvent de transformer la voix des manifestants en voix du peuple, exprimée par les institutions, ce qu’on appelle le dèmos. D’où leur explosion d’intérêt, d’un jour à l’autre, pour la démocratie directe suisse, où le suffrage universel est, quatre fois par an, acteur du jeu politique.

Les initiatives, les référendums, à Genève, ça nous connaît. Cette quintessence du système suisse, nous l’avons adoptée à fond: la démocratie directe genevoise, vivante et inventive, constitue une salutaire concurrence à une démocratie représentative parfois bien poussive, par exemple quand elle vote, sur l’avenir des retraites des fonctionnaires, deux projets de loi parfaitement antagonistes.

Alors oui, Genève a parfois des allures françaises. Mais son fonctionnement politique est profondément helvétique, il n’a rien à envier à celui d’Uri ou des Grisons. Nous sommes des rouspéteurs et des gueulards, ici au bout du lac, mais nous sommes profondément des démocrates. Vive Genève! Et vive 2019!