Honneur à nos 45 communes!

NIVEAU LOCAL • Valorisons à fond nos communes! Elles sont le premier échelon de proximité affective avec la population. Respectons-les! Et renforçons leurs prérogatives.

  • Genève, c’est une ville, et c’est un canton. Une ville, et 44 autres communes. Le Genevois est à la fois urbain et périurbain, parfois campagnard. 123RF/SAM74100

    Genève, c’est une ville, et c’est un canton. Une ville, et 44 autres communes. Le Genevois est à la fois urbain et périurbain, parfois campagnard. 123RF/SAM74100

Prenez la photo aérienne, nous l’avons tous en tête: Genève, du nord-est au sud-ouest, c’est un lac, qui sous le pont du Mont-Blanc redevient Rhône, une ville, puis la campagne, jusqu’à Chancy. En fait, jusqu’au Fort de l’Ecluse. Genève, c’est une ville, et c’est un canton. Une ville, et 44 autres communes, toutes aussi magnifiques et passionnantes les unes que les autres, si on veut bien les approcher par le biais de l’histoire, de la culture, la démographie, l’économie locale, la vitalité des associations. Né à Genève, j’ai moi-même passé les trois-quarts de ma vie en ville, un quart au Petit-Lancy. Depuis treize ans, je suis entrepreneur à Carouge, tout en résidant en Ville de Genève.

Patriotes dans l’attachement

D’une commune à l’autre, nous allons et venons. Spectacles, concerts, vie associative, chorales, clubs de sport, vie privée ou professionnelle: le Genevois est à la fois urbain et périurbain, parfois campagnard, il aime ce canton, chérit sa taille réduite où tout est accessible, peste contre les bouchons. Nous sommes tous, en ce bout du lac, de tendres gueulards, amygdales bronzées, têtes de lard, mais beaucoup plus patriotes qu’il n’y paraît, dans l’attachement affectif au canton. Le Genevois est un héros tragique et romantique, qui aime parader sous les atours du personnage boulevardier.

Primauté

Les 45 communes! Parlons-en! Certaines d’entre elles, comme Vernier, ont davantage d’habitants que certains chefs-lieux cantonaux. Lancy, Onex, Carouge, Thônex, Meyrin sont de véritables villes moyennes, à l’échelle de notre petite Suisse. Ces communes, je les ai vues grandir: j’ai connu Lancy encore presque village, bien avant les multinationales, et Onex bien avant l’Office de la population. La ville s’étire, la banlieue s’urbanise, l’administration cantonale émigre, tout cela sous nos yeux, c’est passionnant.

Reste que nous, Genevois, devons absolument défendre la dignité, et même la primauté, de l’échelon communal. Les Français sont passés par Genève, entre 1798 et 1813, ils y ont laissé la trace du jacobinisme. Celui, par exemple, qui suintait, dans la législature précédente, d’un certain président du Conseil d’Etat, jamais aussi heureux que lorsqu’il pouvait, de sa Tour Baudet, remettre à l’ordre une commune, un maire, un conseiller administratif ayant enfreint le règlement. Au fond, l’éminent magistrat se prenait, sous prétexte «d’autorité de surveillance», pour le Révizor, le célèbre personnage du dramaturge russe Nicolas Gogol, qui faisait trembler les autorités locales, quand on annonçait sa venue.

Reconnaissance

Nos 45 communes méritent mieux. La commune, en Suisse, est le premier échelon de proximité affective pour les gens. Elle existait avant le canton, qui ne date que de 1815. Aux maires, conseillers administratifs et municipaux, adjoints, personnel des administrations communales, nous devons adresser notre salut et notre reconnaissance. La Constituante n’est pas allée jusqu’au bout dans le chantier canton-communes. Revaloriser nos 45 communes, c’est rendre service à tous. Magnifique ambition!