La mauvaise foi des commentateurs de Suisse romande

Ils sont fantastiques, nos commentateurs de la presse romande! Le dimanche 26 mai, les partis dits «populistes» ont fait une percée dans des pays aussi importants que la France et l’Italie (deux pays fondateurs de la Communauté européenne, au Traité de Rome de 1957), mais aussi en Hongrie, ou encore dans le Royaume-Uni avec le parti pro-Brexit. Ils ont percé, mais il ne faut surtout pas le reconnaître. Alors, on s’invente des songes.

Ainsi, en France, le «vrai vainqueur», à lire nos beaux esprits, serait Emmanuel Macron! Diable. Voilà un président qui s’est jeté lui-même dans la mêlée, ce que nul ne lui demandait. Il a fait une affaire personnelle de devancer, sur sa liste (conduite par Nathalie Loiseau), celle de Marine Le Pen. Sur cet objectif précis, mesurable, par lui-même unilatéralement fixé, il a échoué. A la proportionnelle, ce n’est pas rien d’être en tête.

Le président Macron échoue, ça n’est pas la fin de son quinquennat, il est même habituel que les scrutins européens désavouent les pouvoirs en place. Mais il échoue sur son propre pari de vanité. Et cela, nos chers éditorialistes de Suisse romande ne veulent surtout pas le reconnaître. Alors, sous prétexte que d’autres partis échouent aussi, dans la droite et la gauche traditionnelles, il paraît qu’Emmanuel Macron est «le vrai vainqueur»!

C’est une erreur. «Le vrai vainqueur», dans cette affaire, c’est la mauvaise foi. Celle de nos merveilleux commentateurs de Suisse romande. Prisonniers de leur déni.