Le prince en majesté

Un homme seul, présentation impeccable, face au public. Un homme élégant, à l’aise, courtois, diablement intelligent. Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse du jeudi 25 avril, n’a sombré, quant à la forme, dans aucun travers. Pas de pompe, ni d’emphase. Pas d’excès. Au contraire, nous eûmes le privilège d’avoir sur nos écrans la simplicité française dans toute sa classe. Un langage clair et direct. Des attitudes sans artifice. Une mise en cause de sa personne, la reconnaissance d’avoir commis des erreurs. Bref, sur la forme, le président de la République fut excellent.

Mais tout cela, toute cette perfection de mise en scène, nous prouve quoi? Réponse: que nous devons, plus que jamais, à Paris comme à Genève, nous méfier des beaux parleurs. Bien sûr, nous n’allons tout de même pas nous plaindre qu’un homme ou une femme politique s’exprime avec facilité. Mais plus la forme est aérienne, plus est impérieuse l’exigence que le fond, lui aussi, soit au rendez-vous.

Or, sur le contenu, Emmanuel Macron n’a rien cédé, enfin rien que des miettes, pour donner le change. Les «gilets jaunes», depuis six mois, exigeaient un référendum d’initiative citoyenne (RIC), voilà qu’on leur en concède un ersatz pétitionnaire. Ils voulaient davantage de justice fiscale, mais ne l’obtiennent pas. En bref, ils ont manifesté pendant un semestre, pour n’obtenir, au final, qu’une apparition du prince en majesté, sur son balcon. Les grenouilles conservent leur roi, la France demeure monarchique, et la terre continue de tourner. Excellente semaine!