Liberté d'expression

J’entends beaucoup de mes confrères répéter à loisir que le journalisme serait «indispensable à la démocratie». Au risque de casser l’ambiance, je ne partage pas leur point de vue.

Ce qui est nécessaire à la démocratie, ce qui lui est consubstantiel même, c’est la liberté d’expression. Chaque citoyenne, chaque citoyen doit pouvoir dire ce qu’il pense, sans entraves, sans risques de rétorsion. C’est cela qui est essentiel. Mais pas seulement pour les journalistes, ou éditorialistes. Pour tous! Sans exception.

Bien sûr, il y a la loi. Voulue par le peuple, ou par ses représentants, elle fixe des limites à la liberté d’expression. On peut le regretter, mais c’est ainsi. Et, tant qu’une loi existe, on doit la respecter. Mais enfin, à part cette exception quant à la loi, le champ de la liberté d’expression me semble bien assez large pour que nous aspirions tous à le cultiver au maximum. Tous, et pas seulement les journalistes!

Chacun, aujourd’hui, peut tenir un blog. Chacun peut s’ouvrir un compte sur un réseau social. Chacun peut lancer des sujets. Le monde éditorial, l’univers des idées, n’est en aucun cas la chasse gardée d’une corporation. Quant à la «mission d’investigation», sur les affaires d’intérêt public (toute autre doit être bannie), pourquoi diable demeurerait-elle réservée aux journalistes? Si mon métier entend survivre, il faudra qu’il s’invente autre chose que des prés carrés, ou des privilèges, auxquels il donne désespérément l’impression de s’accrocher.