Nos jaunes amis

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A longueur de flashs, nos antennes radiophoniques nous abreuvent d’informations sur les manifestations à Hongkong. Avec un parti pris immédiatement perceptible pour l’auditeur: un immense capital de sympathie pour ceux qui, là-bas, à des milliers de kilomètres de la Suisse romande, descendent dans la rue pour faire valoir leurs droits. Il n’y en a que pour Hongkong et on pourrait, en passant, s’interroger un peu sur les puissances qui, peut-être, seraient derrière ces manifestations.

Le manifestant de Hongkong est par essence sympathique, puisqu’il remet en cause le méchant régime communiste chinois. De même, tous les Tibétains sont sympathiques, par définition. De même, tous les Kurdes. Tout ce qui est minoritaire, face à un Etat organisé, représente par nature le Bien. Et la machine d’Etat, en face, incarne nécessairement le Mal.

Pour nos beaux esprits, un manifestant a meilleur temps de battre le pavé dans un ancien mandat britannique en Chine, que revêtu d’un gilet jaune contre la police macronienne. Parce que le président Macron, c’est le Bien. Il est convenable, pro-européen, libéral jusqu’à la moelle, ami des banquiers, adversaire de la bête immonde: le gendre idéal. Oser le défier, sur un rond-point de France, c’est se comporter en gueux, casser l’harmonie de l’image, tout foutre en l’air. Alors voilà, autant le manifestant de Hongkong est à louer, autant son jaune confrère français est à rejeter. La grille de lecture est sauvée. Le manichéisme, aussi.