Un accord-cadre avec l’UE, mais pour quel tableau?

  • Yves Nidegger

    Yves Nidegger

Curieux destin que celui de cette Europe qui a inventé la politique, avec la vie de la cité (polis) des anciens Grecs, pour aboutir aujourd’hui à ce trou noir de la politique qu’est l’Union européenne (UE). Un Etat se définit en droit international comme une puissance effective sur un territoire et sur une population donnés. Or, les Etats membres de l’UE, en renonçant à des compétences étatiques essentielles, comme battre monnaie ou contrôler la frontière et la migration, ont cessé d’être des Etats à part entière. Ils y ont renoncé, de plus, au profit de quelque chose qui n’est jamais devenu un Etat. L’Union européenne a certes une monnaie mais elle n’a pas de politique économique, ni de défense, ni de diplomatie, ni de contrôle effectif des frontières qui lui sont confiées. Bruxelles, ce sont les effets secondaires de l’Etat, avec ses cohortes de fonctionnaires et son abondance de directives, sans l’Etat. L’Europe politique se présente aujourd’hui comme 28 Etats eunuques (bientôt 27) pour un Etat croupion. Dans un monde multipolaire que se partagent des méga-Etats, Chine, Russie, Inde, Etats-Unis en compétition exacerbée.

Certes l’échelle est différente, mais la Suisse est un Etat, un vrai. Et débordant de politique: 26 Etats cantonaux pour un Etat fédéral. Voilà pour le tableau. Quel cadre voulez-vous y mettre?