Un champignon hallucinogène au secours de la dépression

Deux innovations redonnent de l’espoir à ceux qui souffrent de dépression. Un champignon hallucinogène et un anesthésique vétérinaire donnent de premiers résultats très prometteurs.

  • Les personnes atteintes de dépression pourraient voir leur état s’améliorer plus rapidement. 123RF/KATARZYNA BIAłASIEWICZ

    Les personnes atteintes de dépression pourraient voir leur état s’améliorer plus rapidement. 123RF/KATARZYNA BIAłASIEWICZ

Depuis trente ans, le traitement médical de la dépression n’a pas connu d’avancée majeure. A l’époque, le Prozac était arrivé sur le marché. C’est un des psychotropes (de type inhibiteur de la recapture de la sérotonine) les plus utilisés comme antidépresseur. Coup sur coup, deux innovations viennent redonner de l’espoir à ceux qui souffrent de dépressions résistantes aux thérapeutiques actuelles.

Action sur le glutamate

D’abord il y a la kétamine. Utilisée de très longue date comme anesthésique vétérinaire, cette molécule est testée depuis de nombreuses années pour soigner les dépressions. Car à l’inverse de ce dont on disposait jusqu’à présent, là où les antidépresseurs traditionnels mettaient plusieurs précieuses semaines pour agir, la kétamine agit vite. Très vite même, puisqu’en quelques jours elle permet d’améliorer l’état du patient. L’autre avantage est que son mode d’action est très différent des médicaments actuels.

La kétamine, elle, agit sur un autre neurotransmetteur, le glutamate, un nouveau mode d’action qui en fait une alternative crédible et séduisante en cas d’échec des thérapeutiques traditionnelles. Reste qu’elle présente deux inconvénients: son mode d’administration – en spray nasal pour éviter sa dégradation par le foie, ce qui peut être rébarbatif pour certains –, et surtout ses effets hallucinogènes, en partie thérapeutiques mais qui en font une substance de choix pour certains toxicomanes.

«Réinitialisation» des neurones

C’est dire si son utilisation devra être sévèrement encadrée. Les Etats-Unis en tout cas, ont sauté le pas, et la kétamine y est désormais homologuée pour les dépressions résistantes alors qu’aucune procédure en ce sens n’a pour l’heure été entamée en Suisse.
L’autre avancée médicale nous vient des… champignons hallucinogènes. Selon une étude publiée en 2017 et récemment confirmée par d’autres recherches, la psilocybine, une substance contenue dans le champignon psilocybe, semble également obtenir des résultats très prometteurs en matière de dépression chronique et résistante, avec des effets maintenus jusqu’à cinq semaines après l’arrêt du traitement. Encore mal élucidé, son mode d’action consisterait en une sorte de «réinitialisation» des neurones du cerveau, comme on redémarrerait un ordinateur bloqué. Autorisés par l’agence américaine Food and Drug Administration (FDA), des essais cliniques sont en cours depuis une année.