Le M se retrouve dans la m.

DISCOTHÈQUE • Suite à la visite de la police du feu, le club de Jean-Marc Humberset a été évacué et mis sous scellés. La jauge maximale a été fixée à 100 personnes. Pas de quoi rentabiliser l’ouverture du M.

  • Jean-Marc Humberset a tenté de rouvrir le M Club avec une capacité maximale de 100 personnes. Peine perdue... MP

    Jean-Marc Humberset a tenté de rouvrir le M Club avec une capacité maximale de 100 personnes. Peine perdue... MP

Fermer le M Club. Telle est la décision qu’a fini par prendre, la mort dans l’âme, le patron de la discothèque située dans les Rues-Basses, Jean-Marc Humberset. «Et ce jusqu’à nouvel avis… Le chiffre d’affaires était inférieur à la période du Covid… On a fait moins de 1000 francs en tout vendredi 17 mars et moins de 200 samedi… Mes employés en ont pleuré.» En cause: une jauge maximale de 100 personnes imposée par la police du feu.

La descente aux enfers débute lundi 6 mars. Ce matin-là, Jean-Marc Humberset a rendez-vous à 10 h avec les inspecteurs de ce service cantonal. Il ne se doute pas encore que cette visite va virer au cauchemar. «J’exploite le club depuis 2012. On a eu un contrôle en 2014. A l’issue duquel le club avait été déclaré conforme», explique le gérant.

Lors de ce nouveau contrôle, les inspecteurs relèvent plusieurs problèmes qu’ils précisent dans un courrier daté du 8 mars: «Les portes d’issues de secours ne sont pas conformes; au sous-sol, le couloir d’évacuation sert de fumoir; le tableau de rappel de détection incendie n’est pas accessible (machine à glaçons l’obstruant)» ou encore «un extincteur est hors-service».

De quoi selon la police du feu ordonner «l’interdiction d’exploiter les locaux avec effet immédiat». Quelque peu abasourdi mais bien décidé à continuer à accueillir ses clients, Jean-Marc Humberset procède à différents aménagements et travaux pour répondre aux exigences formulées dans le courrier. «On a déplacé la machine à glaçons pour un meilleur accès au tableau. On a mis du dégrippant sur le système de fermeture et ouverture des portes soi-disant défectueuses, etc. Les quatre principaux points demandés ont été réglés. Au lieu de pleurnicher, on a agi!» Objectif: pouvoir ouvrir dès le vendredi.

Seulement voilà, dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 mars, la police débarque vers minuit. «Ils ont vidé les lieux, mis les scellés et m’ont emmené au poste pour m’auditionner jusqu’à 4h du matin», raconte l’exploitant. «On nous traite comme des voyous alors qu’on travaille main dans la main avec les services depuis la nuit des temps», lâche-t-il. Le lundi 13, la police du feu est de retour dans les locaux et autorise une réouverture avec une capacité maximale de 100 personnes. Pas de quoi remplir les caisses...

Toutefois, ne peut-on pas comprendre que les mesures de sécurité priment? C’est d’ailleurs l’argument de la police du feu: «La mission de notre service consiste à s’assurer du niveau de sécurité d’un établissement public. Pour ce faire, il est indispensable que les exploitants entretiennent de manière régulière leurs installations.» Interrogé sur ce point, Jean-Marc Humberset s’exclame: «Bien sûr que je veux que mes clients soient en sécurité! Mais, on cherche des solutions ensemble. On ne nous ferme pas du jour au lendemain! J’ai 21 employés qui se retrouvent à la poubelle! Et puis, qu’on m’explique pourquoi des portes considérées comme anti-feux en 2014 ne le seraient plus aujourd’hui! On leur a demandé de sortir des archives la décision de 2014, ils refusent!»

Ce à quoi la police du feu répond: «Les portes coupe-feu existantes n’ont pas été déclarées non-conformes, ce sont les modifications apportées sur celles-ci qui posent problème, leur fonction première n’étant plus assurée.»

Le patron du M déplore enfin l’absence de délai pour se mettre en conformité. «La visite a eu lieu le lundi 6 mars. J’ai reçu un mail le mercredi. Et ils nous fermaient le vendredi!» Jean-Marc Humberset renchérit: «Les discothèques ne sont pas les seules touchées. Commerces, restaurants, bars, etc. Partout où la police du feu met un pied, c’est compliqué.» Reste que, selon lui, «il y a une intolérance grandissante à l’égard du monde de la nuit. On nous empêche de bosser. Il y a de quoi dégoûter...»