Le politique en crise

Au-delà de son extrême gravité, l'affaire de Mancy représente malheureusement un parfait exemple des dysfonctionnements du Conseil d'Etat: silence du collège gouvernemental, mépris du parlement auquel on ne répond jamais, dénégation de la cheffe du département, chaîne administrative toute puissante au détriment du pilotage politique, travail en silos et absence de communication entre les départements. Notre canton traverse une véritable crise politique.

Dans une gravité moindre, la gestion passive du Département des affaires sociales relève également des mêmes maux. Nous aurions aimé, quand la pandémie provoquait une crise sociale, un leadership qui réunisse et fédère, qui soit capable d'adapter et d'assurer les prestations à la population. Or, devant le manque de réaction de l'Etat, ce sont les associations et le privé qui ont dû prendre le relais. Depuis presque quatre ans, le département met en place des groupes de travail pour réfléchir. Cependant, jamais aucune action n'est menée par la suite. Ainsi, la réforme de la Liasi (loi sur l'insertion et l'aide individuelle), projet cardinal de la législature, est enlisée. La politique culturelle de notre Canton est dans une impasse totale. Rien ne se passe mais rassurez-vous, on consulte.

Nous élisons des conseillers d'Etat pour incarner le canton, entraîner sa population autour d'une vision et porter des projets. Aujourd'hui, rien de toute cela, la politique a disparu au profit de la gestion, une gestion elle-même souvent défaillante. Genève mérite mieux. Nous avons besoin d'un collectif au leadership politique affirmé, capable de redonner du sens à l'action et de convaincre à travers un récit positif et fédérateur. Dans la période troublée que nous traversons, notre canton doit retrouver son ambition afin d'être en mesure de relever les grands défis de notre temps.