Le prêt sur gage ne connaît pas la crise

- En 2014, le prêt sur gage a attiré de nouveaux clients.
- La progression concerne principalement les petits prêts.
- Si les utilisateurs de ce service de dépannage ont un profil très varié, ils se rejoignent tous dans un besoin urgent de liquidité. Notre dossier exclusif!

  • La Caisse publique de prêts sur gage de Genève. BD

    La Caisse publique de prêts sur gage de Genève. BD

  • Denis Thorimbert (chef de service), Pablo Garcia (président du conseil d’administration) et Stefano Moioli (administrateur-délégué) de la Caisse publique de prêts sur gage de Genève. BD

    Denis Thorimbert (chef de service), Pablo Garcia (président du conseil d’administration) et Stefano Moioli (administrateur-délégué) de la Caisse publique de prêts sur gage de Genève. BD

«Certains viennent juste avant les vacances et récupèrent leur bien après»

Pablo Garcia, président du conseil d’administration

Avec 3200 prêts accordés l’année dernière, le prêt sur gage ne connaît pas la crise. La valeur des prêts en cours, au 31 décembre 2014, est en hausse de 5% tandis que le nombre de nouveaux clients (+442) est au plus haut depuis quatre ans.

Tous publics

Le public qui fréquente la Caisse genevoise est éclectique. «Parfois, des gens fortunés viennent mettre en gage leur deuxième montre de luxe!», explique Stefano Moioli, administrateur-délégué de la Caisse publique de prêts sur gages (CPPG).

Et il y a tous les autres. «D’une manière générale, les gens ne nous disent pas pourquoi ils viennent déposer, nous ne leur demandons pas, c’est un gage de discrétion. Récemment, j’ai fait un prêt de 80 francs à une personne qui m’a expliqué spontanément que son enfant était tombé malade et que cette sommes servait à payer les médicaments. Les petites ou grosses factures inattendues sont souvent un motif de prêt», poursuit Denis Thorimbert, chef de service de la Caisse.

Paiement cash

Avec une constante, néanmoins. «Ceux qui viennent ont un besoin de trésorerie immédiate, détaille le président du conseil d’administration, Pablo Garcia. L’avantage du prêt sur gage, c’est qu’ils repartent le jour même avec l’argent. De plus, ici, les objets sont en sécurité. Certains viennent juste avant les vacances et récupèrent leur bien après.»

Gare à la déception cependant. Car si, en 2014, on dénombre 232 prêts de plus qu’en 2013, cela concerne essentiellement de petits montants; et globalement, les sommes prêtées reculent, elles, de près de 150’000 francs.

Or: 9 francs le gramme

Une situation qui s’explique par l’état d’esprit des lieux. «On ne prête pas à la valeur d’achat ou de vente. L’idée, c’est que le client puisse récupérer son bien», commente Denis Thorimbert. Pour les bijoux en or par exemple, l’estimation du prêt se fait sur la base du poids. «L’ordre de grandeur est d’un tiers de sa valeur», explique le chef de service. Soit 9 francs le gramme d’or 18 carats. Un tour de cou qui pèse 10 grammes sera laissé en gage contre 90 francs.

Objectif: récupérer son bien

C’est peu! Denis Thorimbert consent: «Des déçus, on en rencontre régulièrement. Si une montre de luxe vaut 30’000 francs, nous n’allons pas prêter 10’000 ou 15’000 francs. L’objectif, ce n’est pas de revendre l’objet mais que le client le récupère. Si l’on prêtait 15’000 francs, il n’aurait pas l’argent pour le récupérer…»

Le but étant, enfin, de ne pas se mettre trop en avant, comme le confirme Stefano Moioli: «Nous sommes là pour dépanner, pas pour encourager à faire des achats sur un coup de tête.»

«Chaque vente est un échec»

BD • Jusqu’à 1000 francs la durée du prêt est d’un an; au-delà, elle est de six mois, renouvelable. Sachant que la finalité des biens déposés aux prêts sur gage est d’être récupérée par leurs propriétaires. Si cela n’est pas le cas, les objets sont vendus aux enchères.

En 2014, les ventes de la Caisse publique de prêts sur gage (CPPG) ont porté sur moins de lots (339 contre 448 en 2013) et ont généré moins de recettes (325’000 contre 485’000 francs, et même 665’000 fr. en 2008). Mais seulement deux ventes ont été organisées, contre trois les années précédentes. Surtout, la CPPG, établissement de droit public, n’a pas de but lucratif. «La caisse ne réalise jamais de plus-value. Si l’on vend le bien plus cher que la somme due, nous redonnons l’excès au client qui nous l’a déposé», explique Stefano Moioli, l’administrateur-délégué de la Caisse. «Quelque part, chaque vente est un échec.»