Le wakeboard dans la peau

GLISSE • Depuis 20 ans, Karin Buchet apprend aux jeunes et aux moins jeunes l’art du wakeboard. Objectif: les aider à se surpasser et – pour les meilleurs d’entre eux – à participer à des compétitions.

  • Pendant tout l’été, Karin Buchet tracte les amateurs de glisse sur le Léman avec son puissant bateau de 450 chevaux. TR

    Pendant tout l’été, Karin Buchet tracte les amateurs de glisse sur le Léman avec son puissant bateau de 450 chevaux. TR

Un jeudi matin ensoleillé, sur le ponton du Tropical Corner, à deux pas de Genève-Plage. Sous l’œil attentif de Karin Buchet, fondatrice de l’école de wakeboard Wake Up, un groupe de six collégiens montent sur un bateau spécialement conçu pour tracter les amateurs de glisses.

Quelques instants plus tard, les voilà au large, poussés par les puissants moteurs de l’embarcation. «Ils font 450 chevaux, c’est correct, détaille Karin, arborant un large sourire. Et surtout, ce bateau permet de remplir des réservoirs d’eau à l’arrière, pour créer une plus grande vague!»

Encouragements

Le palonnier (comprenez la poignée à laquelle on se tient) en main, un premier jeune se jette à l’eau. Alors que la capitaine active les moteurs, le collégien se redresse, comme on le fait en ski nautique. Puis place aux acrobaties.

«C’est relativement difficile à manœuvrer. Il faut être délicat lorsqu’on accélère», explique Karin, que l’on surnomme «100%» pour sa capacité à faire réussir l’exercice à l’ensemble de ses élèves. Régulièrement, elle se retourne pour saluer un joli mouvement ou une belle prise de courbe du wakeboarder. Mais aussi pour émettre une critique si nécessaire, comme à l’occasion d’une chute. «Le problème, c’est que tu t’es liquéfié sur la vague», plaisante Karin, alors que toute l’embarcation éclate de rire.

Pour la directrice, l’activité est avant tout une histoire de respect et de valeur. «Ici on parle de tout avec les jeunes. Le but est de passer un bon moment ensemble. Et puis surtout, ce qui se dit dans le bateau reste dans le bateau», informe-t-elle. D’autant que le groupe s’apprécie: une partie d’entre eux se rend bientôt dans la Vallée de Joux en groupe pour participer à une compétition.

Karin aime encourager ses ouailles et les pousser à se surpasser. Sans doute le résultat de sa passion pour les sports de vitesse. Moto-cross, ski, parachutisme: la directrice n’a jamais cessé de pratiquer d’autres activités en plus de sa profession.

«On bosse tant qu’il fait jour»

Même si en été, le temps lui manque. «Pendant la haute saison, on bosse tant qu’il fait jour, ce qui nous fait des longues journées. Ce matin, j’ai commencé à 6h et ce soir, je termine vers 21h. Il faut aimer ça», lance-t-elle. En tout, Karin accueille près de 300 stages à la saison.

Mais tout n’est pas rose au pays du wake. «Nous sommes liés aux conditions météo. Parfois, c’est tout un été qui est pourri et ça peut devenir compliqué de s’y retrouver financièrement», témoigne celle qui a également la casquette d’entrepreneuse.

Autre problème: l’augmentation du prix de l’essence, qui impacte directement les revenus du centre. «La solution se trouve peut-être du côté des bateaux électriques, suggère Karin. Le souci, c’est de pouvoir les recharger rapidement.»

L’école de wake peine également à trouver des places pour laisser ses bateaux la nuit. La faute, selon elle, à des autorités qui ne mesureraient pas ses besoins. «La Capitainerie ne nous octroie pas de place. A Genève, si tu ne fais pas un sport noble, comme le tennis ou le golf, c’est difficile», regrette la passionnée, qui doit trouver une solution presque chaque soir. Alors que c’est au tour d’Arno de s’élancer, un jeune prodige de la planche, Karin se prend à rêver. «Peut-être qu’il sera bientôt champion suisse junior!», s’exclame-t-elle.