L'école ménagère

Couvrez vos casseroles, vos petits pois chaufferont plus vite. Prenez des douches, et non des bains, vous êtes des citoyens, que diable, et pas des satrapes ramollis. Eteignez les lumières, bande de gaspilleurs, là où elles ne sont pas nécessaires.

Ces conseils puissants, qu’un chercheur en sciences sociales de l’Université de Lausanne qualifierait volontiers «d’injonctions», le mot à la mode pour faire le beau au milieu des ploucs, ne viennent pas d’un dialoguiste de la Revue, mais… du Conseil fédéral! Les sept lumières qui gouvernent notre pays, et ne s’éteignent jamais.

Le Conseil d’Etat genevois n’a pas grand-chose à envier à nos ministres fédéraux dans le registre du paternalisme énergétique. Quant au Conseil administratif de la Ville de Genève, le vieux fond de charité chrétienne qui persiste à gésir en moi depuis mes lointaines années de catéchisme me retient de vous livrer le fond de ma pensée. Vous me traiteriez d’homme cruel. Et vous auriez raison.

Bref, face à la crise, nos gouvernants, que font-ils? De la stratégie? De l’anticipation? De la Blitzkrieg? De la Ligne Maginot? Rien de tout cela! En vérité, ils nous paternent. Ils nous maternent. Ils remplissent le vide de leur programme par des conseils avisés d’école ménagère. Dans l’ombilic de leurs préoccupations, des histoires d’eau, de couvercles, d’interrupteurs. A quand un rapport du Conseil fédéral sur les temps de cuisson? Je connais un magistrat qui pourrait le rédiger à merveille: les casseroles, il connaît.