Les bons soldats

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Jean Romain et le PLR ont gagné: les ministres cantonaux de l’Instruction publique de Suisse romande et du Tessin ne pourront plus imposer d’en haut leur «orthographe rectifiée». Ce vendredi 3 septembre, en fin d’après-midi, le Grand Conseil genevois a adopté, de façon claire, la motion combattant ce projet. L’avant-veille, le parlement jurassien acceptait, de son côté, une résolution dans ce sens. Et la fronde ne fait que commencer: une pétition d’opposition avait déjà, au 2 septembre, recueilli 5000 signatures.

A Genève, une question se pose: pourquoi diable le débat fut-il un affrontement droite-gauche? Pourquoi la droite devrait-elle toujours se montrer conservatrice en matière de langue, et la gauche, rouler pour la réforme? En quoi le rapport à la langue devrait-il à tout prix épouser les lignes de fracture tradition-rénovation? La langue n’appartient pas à la droite, pas plus qu’à la gauche. Et assurément, moins les politiques s’en occuperont, mieux elle se portera!

Alors quoi, la gauche a docilement roulé pour sa ministre, à Genève? On aurait osé espérer, dans ses rangs, la dissidence d’au moins deux ou trois esprits libres, dont la hauteur d’esprit eût été capable de rompre la triste prévisibilité des fronts. Peine perdue. A gauche, on défend l’appareil. Le débat sur la langue mérite mieux: il doit aiguiser les esprits, vivifier les âmes, surprendre. Comme le verbe, il doit s’inviter là où on ne l’attend pas. Au royaume des camarades, on s’aligne. En bons soldats.