Les masques au cœur du Musée Ariana

  • L’exposition présente divers types de masques. Des plus énigmatiques

    L’exposition présente divers types de masques. Des plus énigmatiques aux plus cocasses. DR

Depuis le début de la pandémie, le masque est partout. Dans les discours, les recommandations sanitaires, mais aussi et surtout dans l’espace public. Le Musée Ariana a donc décidé de se pencher sur cet accessoire qui s’est immiscé dans notre vie quotidienne. Il dévoile jusqu’au 13 juin plusieurs œuvres issues de sa collection qui ont pour mission d’interroger notre rapport aux masques. Si rassurants pour certains et terriblement anxiogènes pour d’autres. Qu’il soit protecteur, festif ou rituel, cet objet, cachant partiellement ou intégralement le visage, fait partie intégrante de la culture populaire: du théâtre grec antique à la commedia dell’arte, des tribus animistes au carnaval vénitien, des momies égyptiennes aux masques mortuaires, des guerriers samouraïs aux luchadores mexicains, des superhéros aux Anonymous, du KKK jusqu’au corps médical.

Incitation à la transgression

Le grand buste nu de Batman au masque zoomorphe d’Anna Malicka-Zamorska (Pologne, 1942) affiche une expression douce et bienveillante. Le «Chevalier noir» porte sur ses larges épaules une taupe, allégorie de son identité secrète de superhéros de l’ombre et d’une justice aveugle. Les sculptures de cette céramiste polonaise oscillent entre grotesque et fantastique, mêlant animaux et humains dans un univers féerique et poétique. Le masque incite aussi à la transgression et désinhibe notre rapport aux autres, atténuant la gêne ou la pudeur. Il révèle la part animale de cette femme-féline nue aux formes voluptueuses. Elle incarne le tigre, montrant ses dents dans une attitude à la fois défiante et cocasse. Avec le singe assis sur son dos, deux des douze animaux de l’astrologie chinoise sont personnifiés. La céramiste Esther Shimazu (Hawaï, 1957) s’inspire notamment de traditions chamaniques et asiatiques. Certains masques rituels auraient le pouvoir d’ouvrir une brèche magique entre le monde terrestre et celui des esprits, lors de danses et transes réveillant des forces sacrées invisibles. Une chose est sûre, le masque nous confronte à nous-mêmes. Une raison suffisante de pousser la porte du Musée Ariana. 

«Tous masqués?», Musée Ariana, jusqu’au 13 juin, www.institutions.ville-geneve.ch/fr/ariana