Les oisillons tombés du nid sont légion

ANIMAUX • Vous découvrez un bébé oiseau au sol. La période est malheureusement propice. Que faire? Les conseils du centre ornithologique de réadaptation.

  • Une peluche remplace la maman du bébé hibou recueilli au centre ornithologique. COR

    Une peluche remplace la maman du bébé hibou recueilli au centre ornithologique. COR

«Rien que ce matin, j’ai déjà reçu 28 coups de téléphone pour ça...» Notre interlocuteur dont le natel n’arrête pas de sonner, c’est Patrick Jacot. Depuis début mai, le président (et fondateur) du Centre ornithologique de réadaptation (COR) de Genthod et ses équipes ne chôment pas. Pour cause: ils volent au secours des oisillons tombés du nid. «On est en plein dans la saison. Et cela va durer jusqu’à fin août», précise l’homme qui a voué sa vie aux bêtes à plumes.

L’un des derniers exemples en date, c’est ce bébé hibou moyen duc. «Il a été trouvé dans un parc à chien au Grand-Saconnex. Ce n’était pas normal qu’il soit au pied du nid. Il commençait à être reniflé par les chiens et risquait de se faire attaquer et dévorer les corneilles. Heureusement, il a été amené au centre.» Là, il se remet de cette mésaventure, aux côtés d’une peluche de hibou en guise de mère de substitution.

Pour cet oisillon, l’intervention humaine a été salutaire mais, attention, recueillir un bébé qui semble esseulé n’est pas toujours la bonne option. «Le merle par exemple sort du nid et apprend à voler, explique Patrick Jacot. Pour éviter qu’un prédateur ne mange toute la nichée, les oisillons sont disséminés au sol. Cela ne signifie pas qu’ils ont été abandonnés. Le parent fait la tournée pour les nourrir.» Même procédé pour le moineau domestique, une espèce tout à fait adaptée à la vie citadine. «En revanche, si un jeune martinet noir est à terre, c’est fini pour lui. Les parents ne pourront absolument pas venir le nourrir au sol, étant donné que cette espèce est typiquement aérienne. Il faut donc intervenir !»

Nu ou bien emplumé?

Mais, comment savoir s’il faut secourir ou non un oisillon au sol? «Il faut commencer par l’observer de loin et ainsi déterminer s’il est oui ou non en danger.» Premier indice: son plumage. «S’il est bien emplumé, qu’il sautille ou que les parents sont aux alentours, pas de soucis à se faire, laissez le tranquille», stipule le président du COR.

En revanche, s’il est nu, c’est une autre histoire. «Cela peut signifier qu’il est tombé du nid. Il est peut-être blessé ou en proie aux prédateurs.» Contrairement à une croyance répandue, il est tout à fait possible de toucher un oisillon avec ses mains. «Cela n’entraînera pas son abandon. Ce n’est pas comme un mammifère sauvage», insiste Patrick Jacot. Il est donc opportun de l’éloigner de la route ou d’un parc à chiens... «Ne donnez jamais à manger ou à boire à un oiseau», complète-t-il.

En quête de bénévoles

En cas de doute, le mieux est encore de contacter le COR. «Il faut nous appeler, envoyer une photo de l’oisillon par WhatsApp ou MMS», poursuit ce spécialiste. «On vous donnera alors la marche à suivre. Et, on vous demandera si besoin de l’amener au centre.»

A Genthod, les oisillons sont déjà légion. «On a les bébés martinets qui arrivent fin mai. Les petits harles bièvres, ça commence.» Pour assurer le nourrissage et les soins de ses petits protégés, le COR a besoin de bénévoles. «On cherche 15 personnes minimum, que l’on forme. Il s’agit de nourrir les oiseaux de 8h à 20h, y compris les week-ends. Mais si certains sont disponibles uniquement quelques heures, on prend aussi!», lance Patrick Jacot.

En sus des bonnes âmes qui mettent la main à la pâte, le COR en cherche aussi qui mettent la main au porte-monnaie. «Le budget annuel est de 400’000 francs. L’Etat nous subventionne en tant que station de soins, à hauteur de 20’000 fr. La Ville de Genève 25’000, les communes environ 8000 francs. Tout le reste, ce sont des dons.» Or, le COR a, comme d’autres, subi l’inflation. «L’eau, l’électricité mais aussi la nourriture et les médicaments ont augmenté...» D’où l’appel lancé début mars par le fondateur du centre. Créé il y a pile 48 ans, soit le 1er juin 1975, le COR espère bien fêter ses 50 ans.