Les terrasses genevoises nées autour des jeux de boules

CONVIVIALITé • Dans la cité de Calvin, on aurait commencé à consommer à l’extérieur aux abords des sociétés sportives, à la fin du XIXe siècle.

  • La place du Bourg-de-Four est un lieu très prisé des Genevois et des touristes. MP

    La place du Bourg-de-Four est un lieu très prisé des Genevois et des touristes. MP

Quelle est l’origine des terrasses genevoises? Ont-elles été créées en même temps que les auberges de campagne, dont on dit qu’elles sont apparues entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle? Petite leçon d’histoire avec Babina Chaillot Calame, conservatrice cantonale des monuments.

Qui n’aime pas siroter une boisson rafraîchissante ou déguster un mets savoureux sur une terrasse genevoise ombragée? A l’appel des beaux jours, cette petite parenthèse conviviale – suspendue pendant la crise liée au Covid – s’inscrit naturellement dans les mœurs et coutumes des Genevois. Mais depuis quand?

L’historienne de l'art Babina Chaillot Calame estime qu’en Ville de Genève, hormis les anciens logis et les tavernes médiévales les premiers restaurants dignes de ce nom n’ont pas été fondés avant la deuxième partie du XIXe siècle. Dans son film mi-historique, mi-romance Délicieux, le cinéaste français Eric Besnard date, à juste titre, la création du premier restaurant à Paris juste avant la Révolution française. Genève, très inspirée par la capitale hexagonale, n’aurait alors guère tardé à emboîter le pas à ses voisins.

Quant aux terrasses, «L’hypothèse la plus vraisemblable est sans doute que les gens aimaient à se retrouver aux abords des sociétés sportives. A cette époque, le jeu de boules faisait aussi florès à proximité des auberges. Peu à peu, il est probable que des tables et des chaises aient été installées dans ses espaces extérieurs», explique l’experte. Et tout naturellement, dans ces lieux de rencontres, on a commencé à servir des orangeades et des citronnades. Car, avec les nouveaux moyens de transport, les fruits exotiques ont déferlé sur la cité de Calvin qui en était friande.

Avant cela, Genève est un peu enserrée dans ses remparts. Les quais sont les réceptacles des égouts. Ce n’est qu’au siècle où pointe l’industrialisation que la cité de Calvin s’ouvre sur les quais du Rhône. Et de grands hôtels et restaurants sont érigés sur les berges du lac Léman pour accueillir un tourisme naissant.