Les vins régionaux sublimés par la canicule

VENDANGES • Si cet été particulièrement sec a entraîné une diminution du rendement, l’ensoleillement et les températures élevées ont contribué à une bonne maturation du raisin.

  • Cette année, la récolte diminuera de 10% à 30% selon les régions. 123RF

  • En médaillon Markus Rienth, professeur ordinaire de viticulture. DR

Comment les températures exceptionnellement élevées durant les semaines estivales impactent-elles la récolte 2022 et la qualité des futurs vins? Les explications de Dr Markus Rienth, professeur ordinaire de viticulture à la Haute Ecole de viticulture et œnologie de Changins.

GHI: La flambée du mercure, qui a sévi durant les mois d’été, a-t-elle une incidence sur la récolte? Markus Rienth: Bien sûr! Cela dit, ce ne sont pas seulement les fortes chaleurs qui se répercutent sur le rendement mais surtout la sécheresse qui s’est étirée durant toute la saison. Ce déficit hydrique a d’ailleurs touché non seulement la Suisse mais une bonne partie de l’Europe. Ainsi, il faut s’attendre à une baisse de quantité de l’ordre de 10 à 30% selon les régions helvétiques.

– Quelles observations peut-on faire quant à la qualité du raisin et par conséquent du vin qui sera produit cette année? L’ensoleillement et les températures élevées durant toute la saison ont permis une très bonne maturation du raisin. En outre, ces deux conditions et l’absence de pluie ont endigué une large part des maladies qui peuvent affecter les vignes.

– Peut-on dire que 2022 sera un grand cru pour Genève? Pour Genève et pour la Côte vaudoise, assurément. Il faudra toutefois que les viticulteurs soient très attentifs pendant la vinification car les moûts ont souvent un fort déficit en azote assimilable (nutriment pour la levure) dû à l’insuffisance en eau.

– Le changement climatique, dont nous avons pu singulièrement mesurer les effets cette année, va-t-il contraindre les vignerons à modifier leur culture? La vigne est une espèce particulièrement sensible à la température. On peut imaginer que les cépages utilisés actuellement et nécessitant moins de soleil pourront être remplacés (dans le long terme) par des variétés qui, aujourd’hui, s’épanouissent dans le sud de l’Europe. Mais avant, à moyen terme, les vignerons ont la possibilité d’adapter leur mode de culture et surtout les porte-greffes. Ceux-ci sont des variétés de vigne résistant aux phylloxéras, un parasite redoutable. Les porte-greffes, employés «comme racines», possèdent des propriétés très diverses quant à la résistance à la sécheresse, à la vigueur, à la précocité et à l’absorption de nutriments du sol.