L’Etang cultive son jardin

NATURE • Le toit du seul bâtiment public du nouveau quartier verniolan abrite un vaste potager urbain. Ses 75 bacs font le bonheur des habitants, petits et grands.

  • «Les potagers urbains permettent de tisser le lien social», affirme le magistrat Mathias Buschbeck. MP

«C’était un petit jardin qui sentait bon… l’humain». Voici ce qu’on fredonne, déformant Dutronc, alors que l’on quitte le tout nouveau potager urbain verniolan. C’est sur le toit de l’immeuble qui abrite la crèche et l’école du quartier de l’Etang qu’un nombre record de bacs, 75 au total, a été installé. Avec vue d’un côté sur les immeubles et de l’autre sur les arbres du parc de l’Etang.

En ce lundi 15 août, à l’heure de l’inauguration de cet espace dédié aux jardinières et jardiniers du quartier, les sourires illuminent les visages à l’image de celui de William, 5 ans, en pleine cueillette. «Les plantes boivent l’eau et mangent le soleil», explique cet expert en herbe. Avant de préciser: «En tout cas, c’est ce que mes parents m’ont dit. Ce sont eux les spécialistes.»

Pour ces petits urbains, résidents d’un quartier dense (3000 habitants), observer dame nature à l’œuvre est une chance. Dans cet esprit pédagogique, la crèche dispose de 8 bacs. Il y pousse notamment des pois chiches. «Au nombre de deux par cosse», souligne Christian Bavarel, chef de projet «Nature en ville» pour Vernier et professeur ès potager.

Juliette, 29 ans, n’en perd pas une miette. Autour de son bac, on apprend à nettoyer un chou pomme au savon noir et on goûte la capucine. «Je débute. Mon copain me laisse faire. C’est mon univers», commente la jeune femme, fière d’avoir déjà récolté des tonnes de courgettes. «J’écoute tous les conseils» Notamment ceux de la mère de Tania. «Ma maman a 68 ans. Elle a toujours eu un jardin. Aujourd’hui, elle habite l’immeuble en face. Il n’y a pas de balcon. Venir ici lui fait un bien fou.»

«Les odeurs de mon enfance»

A les écouter, nul doute que tous les jardiniers de ce potager haut perché trouvent ici une bouffée d’oxygène. Samra, avocate de profession, monte régulièrement s’occuper de ses légumes. «Mes grands-parents étaient agriculteurs. Ici, je retrouve les odeurs de mon enfance. Ma madeleine de Proust, c’est la tomate.»

Ce sera sans aucun doute le cas de William dont le gobelet déborde désormais de tomates cerises. Ou d’Emma, âgé de même pas deux ans, qui n’oublie pas de quitter sa lolette pour déguster les fruits rouges cueillis sur le pied. «On voulait que nos filles Emma et sa sœur Alissa (5 ans) découvrent les légumes bios et qu’elles sachent comment ça pousse!», indique Jeton Elezi.

Un souhait que partage Myriam Grossglauser, assistante socio-éducative et responsable du potager à la crèche. «Les enfants ont planté les semis en avril. Quand ils sont partis en vacances, les tomates étaient vertes. J’ai hâte qu’ils découvrent et dégustent les différentes variétés.»

Si les uns cultivent les goûts de l’enfance, d’autres ceux du pays. Le bac de Victor et Malvis Vedyonga, originaire du Cameroun, est entièrement occupé par des pousses vertes. «On appelle ça du Njama Njama. On en a trouvé nulle part à Genève, alors on le fait pousser nous-mêmes», indique le couple, tout en dévoilant la façon de cuisiner cette plante exotique.

80% des jardins familiaux

Autour des plants, les échanges, notamment de recettes, vont bon train. Pour le plus grand plaisir de Mathias Buschbeck. Le conseiller administratif chargé notamment de l’environnement urbain loue les vertus de ces potagers urbains: «C’est une façon idéale d’utiliser la cinquième façade. Ils permettent de sensibiliser à une alimentation saine, développent la relation à la nature, à l’environnement et tissent le lien social.» L’élu verniolan prévoit de poursuivre dans cette voie. «A l’Etang, nous allons tripler la capacité potagère. D’autant que cela s’inscrit dans une tradition de notre commune. 80% des jardins familiaux du canton sont à Vernier!» Pour le plus grand plaisir de William, Emma et les autres...